(Pékin) La Chine, voisine de l’Afghanistan, a salué mercredi la formation à Kaboul d’un gouvernement intérimaire, composé exclusivement de talibans, une mesure qui met fin selon Pékin à « trois semaines d’anarchie » dans le pays.

« Cela met fin à plus de trois semaines d’anarchie en Afghanistan et constitue une étape importante pour le rétablissement de l’ordre dans le pays et sa reconstruction », a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

Les talibans, nouveaux maîtres de l’Afghanistan, ont nommé mardi les principaux ministres de leur gouvernement dirigé par Mohammad Hassan Akhund, un ancien proche collaborateur du fondateur du mouvement, le mollah Omar, décédé en 2013.

Tous les membres de ce gouvernement sont des talibans qui, à de très rares exceptions près, appartiennent à l’ethnie pachtoune, majoritaire en Afghanistan.

Plusieurs des nouveaux ministres, dont certains étaient déjà très influents sous le précédent régime taliban, figurent sur des listes de sanctions de l’ONU.

Sirajuddin Haqqani, dirigeant du réseau éponyme, qualifié de terroriste par Washington et historiquement proche d’Al-Qaïda, a notamment été nommé ministre de l’Intérieur.

La Chine avait vivement critiqué ces dernières semaines le retrait précipité d’Afghanistan des troupes américaines et le chaos qui s’en est suivi.

« Large et inclusive »

Le pays asiatique, qui partage 76 km de frontière à très haute altitude avec l’Afghanistan, a par ailleurs organisé mercredi une réunion avec les voisins de ce pays.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a évoqué en visioconférence la situation régionale avec ses homologues du Pakistan, d’Iran, du Tadjikistan, d’Ouzbékistan et du Turkménistan, a indiqué mercredi soir la diplomatie chinoise.

« Nous devons guider et exhorter les talibans à unir tous les groupes ethniques et factions [et à] construire une structure politique large et inclusive », a fait valoir Wang Yi, selon un compte rendu de son ministère.

La Chine s’est par ailleurs engagée à fournir « en urgence » à l’Afghanistan pour 26 millions d’euros d’aide humanitaire, dont trois millions de doses de vaccin contre la COVID-19.

Pékin reste méfiant quant à l’attitude des talibans vis-à-vis des militants séparatistes islamistes ouïghours présents en Afghanistan et qui cherchent à s’infiltrer dans la région chinoise frontalière du Xinjiang, théâtre par le passé de nombreux attentats.

La Chine espère que l’Afghanistan sous la direction des talibans « tracera une ligne claire avec les forces terroristes », a insisté mercredi Wang Yi sans autres précisions.

Une délégation talibane avait rencontré fin juillet en Chine le ministre chinois des Affaires étrangères, lui promettant que le sol afghan ne serait jamais utilisé pour mener des attaques anti-chinoises.

La Chine pourrait s’avérer une précieuse source de soutien économique pour le nouvel Afghanistan dirigé par les talibans, mais les investissements chinois ne viendront que si la sécurité est rétablie, soulignent des experts.