(Bruxelles) Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a promis mardi de ne pas abandonner ceux qui cherchent à fuir le régime taliban en Afghanistan, après le départ des derniers soldats américains, et estime que l’Alliance devra tirer les leçons de ses échecs dans ce pays.

Vingt ans après avoir été chassés du pouvoir par les États-Unis, les talibans contrôlent de nouveau l’essentiel du territoire afghan. Ils célébraient mardi leur victoire face à la première puissance militaire mondiale.

Le dernier vol militaire américain a décollé de l’aéroport de Kaboul dans la nuit de lundi à mardi, au terme d’une opération de sauvetage précipitée pour évacuer plus de 123 000 personnes, essentiellement du personnel des pays alliés et des Afghans ayant travaillé à leurs côtés.

« Il est essentiel de garder l’aéroport ouvert, à la fois pour permettre l’aide humanitaire au peuple afghan et pour s’assurer que nous pouvons continuer à faire sortir les gens, ceux qui le souhaitent, mais qui n’ont pas pu faire partie de l’évacuation militaire », a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP.

« Nous sommes tous engagés à continuer à travailler dur pour les faire sortir. Nous ne les oublierons pas », a-t-il affirmé.

Ses propos faisaient écho à ceux de la chancelière allemande Angela Merkel selon qui « cet aéroport est d’une importance existentielle pour l’Afghanistan, car sans lui, aucune aide médicale ou humanitaire ne peut parvenir ».

M. Stoltenberg a souligné que l’OTAN avait atteint certains de ses objectifs en s’engageant dans ce pays après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Apprendre des échecs

« Tous les alliés étaient d’accord sur le fait que nous devions lutter contre le terrorisme pour éviter que l’Afghanistan ne reste un refuge pour les terroristes internationaux. Et depuis 20 ans, nous y sommes parvenus. Aucune attaque terroriste n’a été organisée à partir de l’Afghanistan contre un pays de l’OTAN », a-t-il expliqué. « Ce qui est important maintenant, c’est que nous préservions cet acquis », a-t-il ajouté.

Jens Stoltenberg a assuré que les alliés maintiendraient la pression diplomatique sur les nouveaux maîtres du pays afin qu’ils autorisent le départ des Afghans qui se sentent en danger et qu’ils assurent un contrôle des mouvements terroristes sur leur territoire.

Il a remercié toutes les forces alliées qui ont contribué aux évacuations, y compris la France, engagée dans ce pays « pendant tant d’années » et dont les soldats ont parfois « payé le prix du sang ».

« Nous continuerons à travailler avec les alliés de l’OTAN et d’autres pays pour aider les gens à partir. Les talibans ont clairement indiqué qu’ils autoriseraient les départs, nous jugerons les talibans sur ce qu’ils disent, mais aussi sur ce qu’ils font », a-t-il dit.

Pour l’avenir, M. Stoltenberg a souligné que les 30 membres de l’Alliance allaient examiner attentivement ce qui n’a pas fonctionné dans le cadre de leur mission visant à mettre en place en Afghanistan un gouvernement et une armée capables de contrer les talibans.

« C’est l’une des questions difficiles que nous devons nous poser, alors que nous allons désormais mener un processus d’évaluation et d’analyse pour tirer des enseignements au sein de l’OTAN », a-t-il déclaré à l’AFP. « Parce que nous avons besoin de mieux comprendre, à la fois ce qui a mal tourné, mais aussi d’analyser nos réalisations en Afghanistan, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. »