(Bruxelles) L’Union européenne, soucieuse d’éviter un afflux migratoire « incontrôlé » en provenance d’Afghanistan, prévoit d’aider les pays de la région à accueillir les réfugiés fuyant les talibans, selon un projet de déclaration qui doit être soumis aux ministres de l’Intérieur mardi.

Le projet de déclaration indique que « l’UE et ses États membres sont déterminés à agir conjointement pour empêcher le retour de mouvements migratoires illégaux et incontrôlés à grande échelle », comme en 2015 lorsque l’Europe avait été débordée par l’arrivée de plus d’un million de migrants fuyant pour la plupart la guerre en Syrie.

Risque terroriste

Les États membres s’inquiètent aussi du risque terroriste, s’engageant à « faire leur maximum pour garantir que la situation en Afghanistan ne mène pas à de nouveaux risques sécuritaires pour les citoyens de l’UE ». Ils mettent l’accent sur « l’exécution en temps utile des contrôles de sécurité des personnes évacuées d’Afghanistan ».

L’ONU s’attend à un demi-million de réfugiés afghans de plus en 2021.

Le Conseil, institution représentant les États membres, « reconnaît la nécessité de soutenir et de fournir une protection adéquate aux personnes qui en ont besoin », et de « rapprocher les pratiques des États membres » dans le traitement des demandeurs d’asile afghans.  

La déclaration, qui doit être approuvée lors d’une réunion extraordinaire des ministres européens de l’Intérieur mardi à Bruxelles, ne contient aucun engagement chiffré d’accueil de réfugiés afghans.  

Dans une interview lundi au quotidien italien Corriere della Sera, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a aussi souligné l’importance de « renforcer la coopération avec les pays limitrophes » de l’Afghanistan.

La capacité de l’Europe d’accueillir (des réfugiés) a des limites et sans une forte coopération on ne peut rien faire.

le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell

« Les pays limitrophes seront impliqués davantage et avant l’Europe. Donc oui : cela veut dire également offrir à ces pays un soutien financier comme nous l’avons fait avec la Turquie », a-t-il dit.

L’UE a signé en 2016 un accord avec Ankara prévoyant le renvoi des îles grecques vers la Turquie des migrants en situation irrégulière et une aide financière pour l’accueil des réfugiés. La Turquie accueille actuellement plus de quatre millions de migrants, dont une majorité de Syriens.

« Les Afghans qui fuient n’arrivent pas tout de suite à Rome, mais plus vraisemblablement à Tachkent. Les pays en première ligne doivent être aidés », a insisté M. Borrell.

Force d’intervention militaire européenne

Les évènements en Afghanistan montrent par ailleurs, selon l’Espagnol, la nécessité pour l’Europe de renforcer son « autonomie stratégique » militaire et de réduire sa dépendance par rapport aux États-Unis dans ce domaine.

« Nous proposons la création d’une “force de première entrée” européenne qui pourrait intervenir rapidement dans les situations de crise. L’Union européenne doit être en mesure de protéger ses intérêts quand les Américains ne veulent pas être impliqués », a-t-il dit.

« Notre force de première entrée devrait être composée de 5000 hommes mobilisables rapidement », a-t-il précisé.

Le projet est en discussion depuis mai entre les ministres de la Défense de l’UE. Ces derniers seront réunis mercredi soir et jeudi en Slovénie, pays qui exerce la présidence tournante des 27. Leurs homologues des Affaires étrangères se réuniront jeudi et vendredi.