(Ankara) La Turquie a annoncé mercredi soir avoir commencé à retirer ses troupes d’Afghanistan, abandonnant ainsi sa proposition de continuer à assurer la sécurité de l’aéroport de Kaboul après le retrait des forces américaines.

« Les éléments des forces armées turques en mission à l’aéroport Hamid Karzaï en Afghanistan ont commencé à être évacués. Les forces armées turques retournent dans notre patrie », a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué.

Près de 500 militaires turcs non combattants se trouvaient en Afghanistan dans le cadre d’une mission de l’OTAN.

Avant l’annonce du retrait de ses troupes, la Turquie avait mené des négociations avec Washington et les talibans pour continuer à assurer la sécurité de l’aéroport de Kaboul après le retrait des troupes américaines, qui devrait être accompli mardi.

Erdogan espérait regagner la faveur des Américains

Mais la prise de Kaboul le 15 août par les talibans, après une offensive de 10 jours qui a vu s’effondrer les forces afghanes et provoqué la fuite du président Ashraf Ghani à l’étranger, a bouleversé les plans de la Turquie, lui enlevant la possibilité d’endosser un rôle dont elle espérerait des retombées positives pour ses relations — tumultueuses — avec les États-Unis.

Lors d’un discours intervenant au même moment que l’annonce du retrait des troupes d’Ankara, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé son souhait de continuer à jouer un rôle en Afghanistan.

PHOTO GOUVERNEMENT DE TURQUIE, VIA ASSOCIATED PRESS

Le président turc Recep Tayyip Erdogan durant un discours à Ahlat, en Turquie, le mercredi 25 août 2021. La Turquie a commencé à évacuer ses troupes d’Afghanistan après près de 20 ans dans le pays. Erdogan a déclaré que la Turquie traiterait les futures déclarations des talibans avec « un optimisme prudent ».

« La Turquie poursuivra un dialogue rapproché avec toutes les parties en Afghanistan », a-t-il affirmé.

« La Turquie continuera de contribuer par tous les moyens à la paix et la prospérité de la population afghane », a tweeté de son côté le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin.

M. Erdogan fait face à une pression croissante de la part de l’opposition turque et d’une partie de son électorat, qui craignent une vague de migrants provenant d’Afghanistan.

La Turquie accueille actuellement plus de quatre millions de migrants, dont une majorité de Syriens qui sont arrivés à la suite d’un accord signé en 2016 entre Ankara et l’UE pour stopper l’afflux de migrants vers l’Europe.

La Turquie craint un nouvel afflux de migrants

La Turquie construit aussi un mur à sa frontière orientale avec l’Iran, dans le but d’« arrêter complètement » les entrées illégales sur son territoire, selon le chef de l’État.

PHOTO EMRAH GUREL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Un soldat turc monte la garde devant un poste de sécurité près du mur qui sépare la Turquie et l’Iran, dans la province de Van, en Turquie, le samedi 21 août 2021. Le nouveau mur frontalier séparant la Turquie de l’Iran couvre un tiers des 540 kilomètres de frontière, laissant de nombreux espaces aux migrants qui se faufilent en pleine nuit.

« La Turquie, qui accueille déjà cinq millions de réfugiés, ne peut supporter un fardeau migratoire supplémentaire », a affirmé M. Erdogan samedi.

Selon le ministère turc de la Défense, Ankara a évacué 1129 personnes d’Afghanistan, un chiffre qui diffère des 1404 personnes précédemment évoquées par le ministre turc des Affaires étrangères.