(Bruxelles) Les pays de l’OTAN ont mobilisé suffisamment d’avions pour leurs opérations d’évacuation en Afghanistan, mais les personnes voulant être évacuées ont les plus grandes difficultés à rejoindre l’aéroport de Kaboul, s’est alarmé vendredi le chef de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg.

Les 30 États membres de l’OTAN ont appelé vendredi les talibans à permettre aux personnes voulant être évacuées de quitter l’Afghanistan et réclamé que les pays de l’Alliance restent en « étroite collaboration » sur ces opérations.

« Nous appelons ceux qui sont en position d’autorité en Afghanistan à respecter et faciliter leur départ en toute sécurité, notamment via l’aéroport international » de Kaboul, ont-ils indiqué dans une déclaration commune après une réunion en visioconférence des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance.

Depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, les États-Unis et leurs alliés au sein de l’OTAN évacuent leurs ressortissants, mais aussi des Afghans ayant travaillé avec eux et leurs familles, qui craignent des représailles.

« Le plus gros défi est de mettre ces personnes dans les avions. Le facteur restreignant n’est pas le manque d’avions, c’est la capacité de ces gens à rejoindre l’aéroport », a expliqué devant la presse le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

PHOTO US MARINES VIA REUTERS

Un Marine américain assigné à la 24e unité expéditionnaire enregistre des Afghans avant leur départ de l’aéroport Hamid Karzai de Kaboul, le 18 août.

« Nous avons davantage d’avions [disponibles pour les évacuations] que de passagers [prêts à embarquer], car c’est un défi de plus en plus épineux de permettre à ces personnes d’arriver jusque dans l’aéroport », a-t-il insisté.

Si des milliers de personnes ont déjà pu être évacuées, les talibans sont désormais accusés de traquer pour les arrêter des Afghans ayant travaillé pour l’OTAN, et de restreindre l’accès à l’aéroport.

De nombreux pays alliés « ont insisté sur la nécessité de travailler encore plus intensément sur la manière de récupérer encore davantage de gens en dehors de l’aéroport », a indiqué Jens Stoltenberg.

Le calendrier fait également débat : alors que les États-Unis ont affirmé vouloir achever le retrait de leurs troupes d’Afghanistan d’ici au 31 août, plusieurs pays ont plaidé vendredi pour « une extension » afin « d’être en mesure de sortir davantage de personnes », a souligné le Norvégien.

Outre les États-Unis, le Royaume-Uni et la Turquie possèdent des contingents militaires protégeant l’aéroport de Kaboul, infrastructure dont dépendant les pays de l’OTAN pour assurer leurs opérations d’évacuation.

L’OTAN elle-même compte toujours sur place environ 500 employés civils, dont 200 Afghans, travaillant à l’aéroport dans le trafic aérien, la gestion des carburants, les communications.

« Des centaines de personnels de l’OTAN et contractuels ont joué un rôle vital, permettant à l’aéroport de rester opérationnel », a souligné M. Stoltenberg, en remerciant les troupes américaines, turques et britanniques pour avoir protégé le personnel de l’Alliance à Kaboul.

Les forces de l’OTAN avaient suspendu leurs missions en Afghanistan en mai après la décision des États-Unis de retirer ses soldats du pays.

« Il n’y avait aucune option viable pour que les alliés européens ou le Canada restent [en Afghanistan] sans les Américains », a commenté M. Stoltenberg.

Concernant les futures relations avec le régime des talibans, le responsable s’est montré prudent : « Une reconnaissance diplomatique est conditionnée à la façon dont le nouveau gouvernement [à Kaboul] se comportera », a-t-il rappelé.

Dans l’immédiat, certains pays de l’Alliance ont seulement établi « des contacts tactiques opérationnels » avec les talibans dans l’objectif de « garantir le passage en sécurité » des évacués et « gérer la situation hors de l’aéroport », a-t-il observé.

823 Afghans dans un avion militaire américain

Le Pentagone a révélé vendredi qu’un avion de transport militaire parti de Kaboul, objet d’une photo devenue emblématique montrant des centaines d’Afghans entassés à même le sol de l’appareil, avait transporté un nombre total record de 823 passagers.

PHOTO U.S. AIR FORCE VIA AP

Une première estimation qui faisait état de 640 passagers amenés par autocar sur le tarmac ne tenait pas compte des 183 enfants, pour beaucoup assis sur les genoux de leurs parents, a justifié le commandement militaire aérien.

Il s’agit d’un record pour un avion de transport militaire C-17 Globemaster III, plus du double de la capacité normale de ce gros porteur.

Le Pentagone n’a pas précisé le nombre de membres d’équipage présents dans l’avion bondé, qui a décollé dimanche, dans un contexte d’urgence.

L’avion « a transporté en toute sécurité 823 Afghans de l’aéroport international Hamid Karzai », a assuré le commandement militaire américain qui, déjà mardi, avait tenté d’adoucir l’idée de précipitation et de chaos régnant autour de ces évacuations.

Cette image « témoigne de l’humanité de nos soldats dans leur mission », avait affirmé le général Hank Taylor au nom du Pentagone.