(Washington) « Comme beaucoup de femmes, j’ai peur pour mes sœurs afghanes » : la militante pakistanaise pour les droits des femmes Malala Yousafzai a exprimé ses craintes mardi dans le New York Times, après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan.

Dans une tribune pour le quotidien américain, la prix Nobel de la paix 2014 dresse un parallèle entre le futur des femmes afghanes et sa propre situation, elle qui avait survécu en 2012 à un attentat des talibans au Pakistan.

Ciblée d’une balle dans la tête pour avoir promu l’éducation des jeunes filles, l’adolescente de 15 ans avait été évacuée entre la vie et la mort vers un hôpital de Birmingham au Royaume-Uni, où elle avait repris connaissance six jours plus tard.  

Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle vit au Royaume-Uni avec sa famille et est diplômée de la prestigieuse université d’Oxford.  

« Je ne peux que me sentir reconnaissante pour ma vie d’aujourd’hui. Après avoir reçu mon diplôme universitaire l’an dernier, et avoir commencé à tracer ma propre carrière, je n’ose pas imaginer tout perdre-revenir à une vie dictée par des hommes en armes », écrit-elle.  

Les filles et les jeunes femmes afghanes se retrouvent encore une fois dans une situation où je me suis moi-même trouvée – désespérées à l’idée qu’elles ne vont peut-être jamais être autorisées à revenir dans une salle de classe, ou à tenir un livre.

Malala Yousafzai

Lorsque les talibans dirigeaient l’Afghanistan entre 1996 et 2001, les écoles de filles étaient fermées, les femmes ne pouvaient ni voyager ni travailler, et étaient obligées de porter en public une burqa, un voile qui recouvre tout le corps et le visage, avec une grille en tissu au niveau des yeux.  

PHOTO STRINGER, REUTERS

Des femmes et des enfants essayent d’entrer dans l’aéroport de Kaboul afin d’être évacués.

Les femmes ne pouvaient quitter leur domicile qu’accompagnées d’un « mahram », un chaperon masculin de leur famille, et les flagellations et les exécutions, y compris les lapidations pour adultère, étaient pratiquées sur les places des villes et dans les stades.  

Avec le retour au pouvoir des talibans, de nombreux pays et organisations de défense des droits humains se sont dits préoccupés du sort des filles et femmes en Afghanistan.  

Le porte-parole des talibans a affirmé mardi que son groupe s’engageait désormais « à laisser les femmes travailler, dans le respect des principes de l’islam », et que celles-ci seraient obligées de porter un voile islamique, mais pas la burqa.

Malala Yousafzai espère désormais une réponse internationale pour venir en aide aux femmes et aux filles afghanes.

« Elles demandent une protection, l’éducation, la liberté, et le futur qui leur avaient été promis. Nous ne pouvons pas continuer à les laisser tomber. Nous n’avons pas de temps à perdre », plaide la jeune militante.