(Nicosie) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a renouvelé lundi son appui « sans concession » à une solution à deux États à Chypre, au début d’une visite de deux jours dans la partie nord de l’île méditerranéenne divisée.

Depuis son invasion par l’armée turque en 1974, l’île est divisée entre la République de Chypre — membre de l’Union européenne — qui exerce son autorité au sud, et l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), uniquement reconnue par Ankara, au nord.

Plusieurs séries de négociations sous l’égide des Nations unies en vue d’une réunification ont échoué ces dernières années et le dirigeant de Chypre-Nord, Ersin Tatar, prône désormais avec l’appui d’Ankara une solution à deux États.

« Une solution juste et pérenne ne peut être obtenue qu’en prenant en compte les réalités de l’île. Sur cette île, il y a deux États et deux peuples », a ainsi déclaré M. Erdogan devant le Parlement de Chypre-Nord.

« Nous apportons notre soutien à la proposition (de deux États) défendue par Ersin Tatar. Nous ne faisons et ne pouvons faire aucune concession » sur cette question, a-t-il poursuivi.

Le chef d’État turc a en outre affirmé qu’il était « hors de question de perdre 50 années de plus » en négociations en vue d’une réunification.  

L’idée d’une solution à deux États suscite cependant une forte opposition de l’Union européenne. Le mois dernier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a affirmé que l’UE « n’accepterait jamais » une telle configuration.

La visite de M. Erdogan coïncide avec le 47e anniversaire de l’invasion par la Turquie de la partie de nord de Chypre, en réaction à un coup d’État visant à rattacher l’île à la Grèce.

La Turquie dispose encore aujourd’hui d’un important contingent militaire à Chypre-Nord, territoire qui dépend économiquement d’Ankara.

Le déplacement de M. Erdogan intervient aussi dans un contexte de tensions en Méditerranée orientale liées à la découverte d’importants gisements de gaz naturel ces dernières années.

S’estimant exclue du partage, la Turquie a mené des forages exploratoires dans les eaux grecques et chypriotes, suscitant la colère des pays riverains et de l’UE.