(Ramallah) Le ministre palestinien du Travail, Nasri Abou Jeich, va démissionner de son poste, a indiqué dimanche un membre de son parti, sur fond de colère populaire grandissante contre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas appelé à quitter le pouvoir.

La mort jeudi du militant des droits humains Nizar Banat alors qu’il était détenu par l’Autorité palestinienne a suscité une vague d’indignation en Cisjordanie occupée.

Pour le quatrième jour consécutif, des manifestations ont eu lieu dimanche à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, et à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie où résidait Nizar Banat.

Samedi, des heurts avaient éclaté à Ramallah entre des adversaires du président Abbas et les forces de l’ordre mobilisées en masse, qui ont riposté aux jets de pierre des manifestants par des tirs de grenades lacrymogènes.

« Le Parti du peuple palestinien décide de se retirer du gouvernement palestinien en raison de son manque de respect des lois et des libertés publiques », a déclaré dimanche Issam Abou Bakr, membre du comité central de cette formation autrefois communiste.

En conséquence, le ministre du Travail Nasri Abou Jeich, ancien diplomate né en 1967, va démissionner de son poste lundi, a indiqué M. Abou Bakr.

« La décision a été prise par le bureau politique du parti il y a trois jours, et le comité central a approuvé la décision dimanche », a-t-il précisé.

« Le parti a pris cette décision, je représente et respecte le parti », a déclaré Nasri Abou Jeich, sans autre commentaire.

À la suite des heurts avec les forces de l’ordre, le syndicat des journalistes palestiniens a appelé dimanche dans un communiqué au renvoi du chef de la police, pour « avoir échoué à assurer la protection de journalistes qui ont été agressés et menacés par des personnes en tenue civile, à la vue de la police ».

Des centaines de personnes ont de nouveau manifesté dimanche à Ramallah et à Hébron mais les rassemblements étaient de moindre ampleur par rapport à celles de samedi, ont constaté des journalistes de l’AFP.

À Ramallah, des heurts ont éclaté entre partisans et adversaires du président Abbas.

Nizar Banat, 43 ans, était connu pour ses vidéos postées sur les réseaux sociaux critiquant l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qu’il accusait de corruption.

Sa famille accuse les forces de sécurité palestiniennes de l’avoir « assassiné ». Le premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a annoncé l’ouverture d’une enquête.

Nizar Banat avait été candidat sur une liste d’indépendants aux législatives palestiniennes qui devaient se tenir en mai avant d’être reportées sine die par Mahmoud Abbas, 86 ans, dont le mandat devait se terminer en 2009.

Les dernières élections dans les Territoires palestiniens remontent aux législatives de 2006, date à laquelle les tensions entre le Fatah laïc de Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas avaient mené à des affrontements armés et à une scission géographique du pouvoir entre l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie occupée, et le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.