(Téhéran) L’Iran a dénié vendredi à Ottawa le droit d’« exprimer son opinion » sur l’affaire du Boeing ukrainien abattu en 2020 près de Téhéran après la publication d’un rapport canadien très critique des autorités iraniennes sur ce drame ayant fait 176 morts.

« Le Canada n’est pas qualifié pour présenter des rapports ou exprimer son opinion sur la question [de l’]avion de ligne ukrainien », écrit l’agence officielle Irna en citant Mohsen Baharvand, ministre des Affaires étrangères adjoint, chargé des affaires juridiques et internationales.

« La partie du rapport canadien qui critique l’aspect technique du rapport [d’enquête] iranien sur [la catastrophe aérienne] est injustifiée et inacceptable », ajoute Irna, en citant la même source.

Le vol PS752 Téhéran-Kiev de la compagnie aérienne Ukraine International Airlines (UIA) s’était écrasé le 8 janvier 2020 peu après son décollage avec 176 personnes à son bord, dont 55 citoyens canadiens et 30 résidents permanents au Canada. Trois jours plus tard, les forces armées iraniennes avaient fini par reconnaître avoir abattu l’appareil « par erreur ».

Les tirs de missiles qui ont abattu l’avion sont le résultat d’un mélange d’« imprudence », d’« incompétence » et de « mépris pour la vie humaine » de la part de Téhéran, même si rien ne permet de conclure à un acte prémédité, indique un rapport du Canada sur le drame publié jeudi.

Selon le gouvernement du Canada, ce document, élaboré par des experts canadiens à partir des informations accessibles, juge « que le compte rendu officiel des évènements fourni par l’Iran est trompeur et superficiel ».

Mais pour le chef de la diplomatie canadienne, Marc Garneau, « les faits sont clairs » : « l’Iran est responsable de la mort de 176 innocents », et les pays touchés attendent la réponse de Téhéran à leurs demandes de réparations.

La nuit du drame, les défenses aériennes de l’Iran étaient en état d’alerte maximale. La République islamique venait d’attaquer une base utilisée par l’armée américaine en Irak en riposte à l’élimination cinq jours plus tôt, dans une frappe américaine à Bagdad, du général Qassem Soleimani, artisan de la stratégie régionale de l’Iran, et Téhéran s’attendait à une riposte de Washington.

Dans son rapport final sur le drame dévoilé en mars, l’Organisation de l’aviation civile iranienne (CAO) avait blanchi ses forces armées. L’Ukraine avait alors dénoncé une « tentative cynique de cacher les vraies causes » et Ottawa un rapport « incomplet » et sans « preuves tangibles ».