(Jérusalem) Le premier ministre israélien sortant Benyamin Nétanyahou, accusé d’intimider les soutiens d’un possible gouvernement de coalition cherchant à l’évincer du pouvoir, s’est défendu dimanche de toute « incitation à la violence », dans un climat politique tendu qui inquiète jusqu’aux services de sécurité locaux.

Samedi soir, Nadav Argaman, le patron du Shin Bet (le service de renseignement intérieur israélien) est sorti de son habituelle réserve pour mettre en garde contre « une augmentation des discours incitant à la violence, notamment sur les réseaux sociaux ».

Il a exhorté les responsables politiques de tous les partis à « appeler clairement à la fin de ces discours », qui peuvent être « compris par certaines personnes ou certains groupes comme un permis pour commettre des violences » pouvant aller jusqu’à entraîner des « blessures mortelles ».

Une partie de la presse locale a perçu dimanche ce commentaire comme un avertissement destiné au premier ministre sortant Benyamin Nétanyahou, qui fait actuellement pression sur des députés afin de les convaincre d’abandonner leur appui au projet de gouvernement de coalition mené par son rival, le centriste Yaïr Lapid.  

« Il y a une ligne très fragile entre la critique politique et l’incitation à la violence […] et on ne peut pas dire que, quand la critique vient de droite, c’est de l’incitation à la violence et que, quand elle vient de gauche, c’est une utilisation justifiée de la liberté d’expression », s’est défendu dimanche M. Nétanyahou, devant les cadres de son parti, le Likoud.

« Je condamne toute incitation à la violence », a-t-il ajouté, qualifiant de tels appels d’« illégitimes ».

M. Nétanyahou a estimé être la cible d’une campagne « encore plus grave » dirigée contre lui et ses proches et a qualifié de « gouvernement de gauche dangereux » la coalition hétéroclite formée par M. Lapid avec deux partis de gauche, deux du centre, trois de droite (dont Yamina, droite radicale nationaliste) et la formation arabe islamiste Raam.

Le vote de confiance du Parlement, dernière étape pour formaliser ce premier gouvernement sans Benyamin Nétanyahou depuis plus de 12 ans, pourrait intervenir dès mercredi ou le lundi 14 juin, selon des médias israéliens.

Ces derniers jours, des soutiens du premier ministre sortant ont organisé des rassemblements devant les domiciles de plusieurs membres du parti Yamina, dirigé par Naftali Bennett, qui devrait prendre en premier la tête du gouvernement selon les termes d’un accord de partage du pouvoir signé avec Yaïr Lapid.

La commission des affaires sécuritaires du parlement a annoncé qu’elle réunira en urgence lundi à 9 h (2 h, HE) à la « lumière de l’avertissement inhabituel émis par le chef du Shin Bet » ainsi que dans la perspective d’une « marche des drapeaux » prévue jeudi à Jérusalem-Est, à l’appel de figures de l’extrême droite israélienne.