(Kaboul) Un attentat à l’explosif a fait au moins 12 morts vendredi dans une mosquée en banlieue de Kaboul, au deuxième jour du cessez-le-feu provisoire annoncé par les talibans et le gouvernement à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan.

Le drame s’est produit au cours des prières, provoquant notamment la mort de l’imam et faisant 15 blessés, selon la police. Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a précisé que les explosifs avaient été placés à l’intérieur de cet édifice religieux avant les prières du vendredi.

Cet attentat n’a pour le moment pas été revendiqué et les talibans ont nié en être responsables.

Il a eu lieu au deuxième jour d’un cessez-le-feu de 72 heures conclu entre les insurgés et les forces gouvernementales pour l’Aïd el-Fitr.

Les talibans accusés

Le gouverneur de la province d’Uruzgan, Fazel Ahmad Shirzad, a accusé les talibans d’avoir violé par deux fois le cessez-le-feu en lançant des attaques contre les forces de sécurité vendredi, au lendemain de l’explosion d’une mine qui a causé la mort de plusieurs civils à Kunduz (nord), selon les autorités locales.

Depuis le 1er mai, date à laquelle les États-Unis étaient censés avoir retiré leurs 2500 soldats encore présents sur place, l’Afghanistan est en proie à une recrudescence des violences alors que les militaires américains continuent de quitter son sol.

Le semaine dernière encore, des avions américains décollaient de la base aérienne de Kandahar, l’une des plus importantes sur le territoire afghan, dans le sud, afin de prêter main-forte aux unités gouvernementales qui tentaient de repousser une vaste offensive des insurgés.

Depuis, l’ambassade des États-Unis à Kaboul a confirmé sur Twitter avoir « passé le relais cette semaine aux forces afghanes sur la base aérienne de Kandahar ».

« Cette base ne nous a pas été officiellement rendue, mais je peux confirmer qu’ils (les soldats américains) l’ont quittée mercredi », avait peu avant déclaré Khoja Yaya Alawi, un porte-parole de l’armée afghane dans cette ville.

« Ils ont remis toutes les installations aux forces afghanes », a précisé le directeur de l’aéroport de Kandahar.

Une passation de pouvoir officielle doit avoir lieu après la fête musulmane qui, jusqu’à samedi, marque la fin du jeûne du ramadan, ont dit ces deux responsables.

« Opérations nocturnes difficiles »

À un moment, cette base a été la deuxième plus importante pour les troupes internationales, en particulier américaines, présentes en Afghanistan.

La province de Kandahar est un ancien bastion des talibans et, ces derniers mois, elle a été le théâtre d’affrontements entre les insurgés et les forces gouvernementales.

Les États-Unis et l’OTAN se sont engagés à parvenir au départ de l’ensemble de leurs contingents encore présents en Afghanistan d’ici au 11 septembre, la date du 20e anniversaire des attentats de 2001.

L’armée américaine a à cet égard annoncé mardi être parvenue à retirer 12 % de ses effectifs et de ses équipements contre 6 % une semaine auparavant.

Condamnant vendredi les récentes attaques en Afghanistan, au cours d’un entretien téléphonique avec le président afghan Ashraf Ghani, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a quant à lui fait part du « soutien indéfectible » des États-Unis aux forces de sécurité afghanes, selon un communiqué diffusé à Washington.

Rares sont ceux qui pensent que les soldats afghans pourront faire face aux talibans sans la protection des forces aériennes et des forces spéciales américaines.

« Ça va être très difficile pour nous d’effectuer des opérations », a déclaré à l’AFP un officier afghan sous couvert d’anonymat. « Nos appareils ne peuvent pas voler la nuit, donc les opérations nocturnes vont être difficiles ».

« Les forces aériennes afghanes n’ont pas les moyens de remplacer les forces américaines », a fait valoir l’analyste afghan Kabir Darwish, soulignant le caractère stratégique de la base de Kandahar. « Avec le temps, la flotte afghane cessera d’être opérationnelle en raison d’un manque d’entretien », a-t-il prévenu.

Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés dans certaines provinces et, mardi, les talibans se sont emparés d’un district à la périphérie de Kaboul.

Les insurgés encerclent de plus en plus les grands centres urbains, laissant suggérer qu’ils attendent le retrait des Américains avant de déclencher de vastes offensives contre les villes.

Le 8 mai, plus de 50 personnes ont été tuées et une centaine d’autres blessées dans un quartier hazara chiite de l’ouest de la capitale dans une série d’explosions de bombes placées devant une école de filles. Il s’agissait de l’attentat le plus meurtrier en un an.  

Les autorités ont accusé les talibans d’avoir été les responsables de ces violences, mais ceux-ci ont nié en avoir été les auteurs.