(Washington) Les États-Unis vont envoyer temporairement des renforts en Afghanistan pour protéger le retrait annoncé des forces de la coalition internationale, a indiqué jeudi le commandant des forces américaines au Moyen-Orient, le général Kenneth McKenzie.

« Nous enverrons des ressources supplémentaires pour protéger la force pendant son départ », a déclaré le général McKenzie, chef du commandement central de l’armée américaine (Centcom), devant une commission du Sénat américain.

« Je ne veux pas rentrer dans les détails de ces opérations maintenant, mais nous aurons des capacités supplémentaires et je suis convaincu qu’avec nos partenaires de la coalition, nous parviendrons à nous extraire », a-t-il ajouté.

Questionné au cours d’une conférence de presse sur l’ampleur des renforts prévu, il s’est abstenu de donner des détails, soulignant que des plans sont actuellement en cours d’élaboration 

Quelque 2500 soldats américains, auxquels s’ajoutent plus de 16 000 sous-traitants civils et leur équipement doivent être évacués du pays. S’y ajoutent quelque 7000 soldats de l’OTAN, qui dépendent largement de l’armée américaine pour les transports de troupes et de matériel.

C’est donc une opération logistique énorme et délicate qui doit être réalisée, et les militaires ont besoin de trois mois au minimum pour la mener à bien de façon ordonnée et sécurisée.

Le général McKenzie a par ailleurs douté de la capacité de l’armée afghane à résister aux talibans, malgré les milliards investis depuis plus de dix ans par les États-Unis pour la former et l’équiper.

« Je m’inquiète pour la capacité de l’armée afghane à tenir le contrôle du territoire qu’ils contrôlent actuellement sans le soutien auquel ils se sont habitués depuis de nombreuses années », a-t-il dit.

La coalition internationale fournit depuis des années du renseignement et un soutien armé qui lui donne un avantage sur les talibans, mais « tout ça, ce sera fini », a-t-il noté. « Je m’inquiète donc pour la capacité de l’armée afghane à tenir bon après notre départ, et plus particulièrement pour la capacité de l’armée de l’air afghane à voler ».

L’armée de l’air afghane dépend en effet des experts étrangers employés en Afghanistan par l’armée américaine pour l’entretien de ses avions et « ce sera beaucoup plus difficile » lorsque les forces étrangères auront quitté le pays, a-t-il précisé à la presse.

« Nous cherchons donc des moyens innovants de le faire », a-t-il ajouté, évoquant la possibilité de vidéoconférences avec les experts pour les mécaniciens afghans.

Refusant de parler de défaite face aux insurgés afghans, le général américain a cependant reconnu que les talibans étaient plus nombreux aujourd’hui qu’en 2011, évaluant leurs rangs à 50 000 combattants.  

Il a aussi admis que les insurgés contrôlaient aujourd’hui davantage de territoire afghans qu’il y a 10 ans.