(Téhéran) Le président iranien, Hassan Rohani, a exhorté dimanche les pays européens à éviter « toute menace ou pression » dans les négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire, lors d’une rencontre avec le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney.

Depuis l’arrivée de Joe Biden à la présidence américaine, Washington, les parties européennes (France, Allemagne, Royaume-Uni) et Téhéran tentent de sauver l’accord conclu à Vienne en 2015, qui accordait à l’Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire.

Cet accord est susceptible de voler en éclat depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 par l’ancien président Donald Trump, qui a réimposé des sanctions punitives contre la République islamique.

En riposte, l’Iran s’est affranchi depuis 2019 de la plupart de ses engagements destinés à prouver qu’il ne cherche pas à se doter de la bombe atomique.

« La meilleure façon de résoudre les problèmes avec les partenaires européens à différents niveaux bilatéraux, régionaux et internationaux, ce sont des négociations basées sur le respect mutuel et évitant toute menace ou pression », a estimé M. Rohani lors de la rencontre avec le ministre irlandais, selon un communiqué de la présidence iranienne.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRÉSIDENCE IRANIENNE VIA AFP

Le président Rohani a reçu le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney, dimanche à Téhéran.

L’Irlande siège actuellement au Conseil de sécurité et est chargée de tenir informés de la mise en œuvre du pacte les autres membres de l’instance onusienne, sans être elle-même partie à l’accord nucléaire.

La visite de M. Coveney intervient également alors que Dublin a annoncé son intention de désigner un chargé d’affaires à Téhéran et de rétablir son ambassade en Iran d’ici 2023.

« Levée efficace des sanctions »

Lors de la rencontre, M. Rohani a renouvelé ses critiques contre « l’inactivité de l’Europe concernant les engagements » du pacte, ajoutant que l’Iran s’est engagé à le « préserver » en étant la « seule partie à en avoir payé le prix ».

« Préserver et relancer » l’accord exige que toutes les parties respectent leurs engagements, a-t-il lancé.

La déclaration de M. Rohani intervient quelques jours après que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont abandonné un projet de résolution contre Téhéran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le gendarme onusien du nucléaire.

Téhéran a salué jeudi cette décision qui permettait de garder « ouverte la voie de la diplomatie » sur la question du nucléaire iranien.

Le 23 février, l’Iran avait commencé à restreindre certaines inspections de l’AIEA, après l’expiration de l’échéance fixée par son Parlement pour la levée des sanctions américaines.

Néanmoins, l’Iran et l’AIEA ont conclu un accord technique temporaire deux jours auparavant afin de limiter l’ampleur de la suspension de certaines inspections, pour une durée pouvant aller jusqu’à trois mois.

Le chef de la diplomatie de Téhéran, Mohammad Javad Zarif, a également rencontré son homologue irlandais pour évoquer « les dernières évolutions de l’accord sur le nucléaire », selon un communiqué de son ministère.

Lors de la rencontre, il a réitéré « la position iranienne de la nécessité de la levée totale et véritable des sanctions illégales » des États-Unis afin que l’Iran revienne à ses engagements.

M. Biden s’est dit prêt à relancer l’accord, mais exige pour cela que l’Iran revienne d’abord au respect plein et entier de ses engagements. De son côté, Téhéran assure être prêt à revenir à l’application stricte de l’accord, à condition que Washington fasse le premier pas en supprimant toutes les sanctions prises à son encontre depuis 2018.  

M. Zarif avait écrit vendredi sur Twitter qu’il présenterait « prochainement » un « plan d’action constructif et concret de Téhéran par le biais des voies diplomatiques appropriées », sans donner plus de détails.