(Washington) Les États-Unis ont imposé mardi des sanctions financières à deux chefs militaires des rebelles houthis du Yémen accusés d’avoir « orchestré des attaques » contre les civils, les pays voisins, et des navires commerciaux.

Ces mesures interviennent après que le président Joe Biden a annulé l’inscription des houthis sur la liste noire des organisations terroristes, décidée à la toute fin du mandat de son prédécesseur Donald Trump. Les organisations humanitaires redoutaient que ce classement n’entrave l’acheminement de l’aide dans les vastes zones contrôlées par les insurgés, et ne provoque une famine de grande ampleur.

Le gouvernement Biden a clairement dit que cette marche arrière était motivée par des raisons purement humanitaires, et tente depuis de trouver d’autres moyens de hausser le ton contre les houthis et les pousser à négocier une solution politique au conflit.

Attaques sur des sites civils

Les sanctions contre Mansour al-Saadi, présenté comme le chef d’état-major des forces navales de la rébellion, et Ahmad Ali Ahsan al-Hamzi, commandant des forces aériennes, s’inscrivent dans cette logique.

« Les États-Unis condamnent la destruction de sites civils par les militants houthis sanctionnés ce jour », a déclaré le Trésor américain dans un communiqué.

Leurs actes « visent à promouvoir les intentions déstabilisatrices du régime iranien », soutien des houthis, et « alimentent le conflit yéménite, déplaçant plus d’un million de personnes, et poussant le Yémen au bord de la famine », a-t-il ajouté.

La diplomatie américaine, qui tente de renouer un dialogue avec l’Iran après la rupture des années Trump sur le dossier nucléaire, a aussi dénoncé une nouvelle fois son rôle au Yémen en soutien aux rebelles.

« L’implication de l’Iran au Yémen souffle sur les braises du conflit, au risque d’une escalade encore plus grave », a estimé le secrétaire d’État Antony Blinken dans un autre communiqué.

Selon Washington, Mansour al-Saadi a organisé « des attaques meurtrières contre le transport maritime international en mer Rouge », qui frappent des navires aussi bien militaires que civils. Il a « reçu une formation complète en Iran » et a « contribué à faire entrer illicitement des armes iraniennes au Yémen », accuse le Trésor américain.

Programme de drones militaires

Le général Ahmad Ali al-Hamzi, « également formé en Iran », est de son côté présenté comme le chef du programme de drones des rebelles utilisés pour des « frappes ciblées ».

Malgré la volonté du président Biden de donner un nouvel élan aux négociations pour la paix au Yémen, les violences s’aggravent à Marib, dans le nord du pays, entre les houthis et le gouvernement appuyé par l’Arabie saoudite.

Alors que Washington a cessé de soutenir militairement la coalition militaire dirigée par Riyad, et a dépêché un émissaire dans la région à deux reprises en un mois, les rebelles ont intensifié leurs opérations et l’aviation saoudienne pilonne leurs positions pour les empêcher d’avancer.

Lundi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a pressé les houthis de cesser leur offensive et de « se joindre aux Saoudiens et au gouvernement du Yémen en agissant de manière constructive en faveur de la paix ».