(Téhéran) L’Iran a déclaré dimanche qu’il ne considérait pas le moment comme « approprié » pour une réunion informelle sur l’accord nucléaire de 2015, proposée par l’Union européenne et incluant les États-Unis.  

L’UE a proposé en février une réunion informelle entre l’Iran et les États-Unis, que l’administration du président américain Joe Biden a acceptée en principe.

Depuis l’élection de M. Biden, Washington, les parties européennes (France, Allemagne, Royaume-Uni, NDLR) – et Téhéran tentent de sauver l’accord de Vienne, qui accordait à l’Iran un allégement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire.

L’ancien président américain Donald Trump a retiré en 2018 Washington de l’accord et réimposé des sanctions punitives contre la République islamique.

« Compte tenu des récentes positions et actions des États-Unis et des trois pays européens, (l’Iran) ne considère pas le moment approprié pour tenir la réunion informelle proposée par le coordinateur européen » de l’accord, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, dans un communiqué.

« Il n’y a toujours pas eu de changement dans les positions et le comportement des États-Unis », a continué M. Khatibzadeh, affirmant que l’administration Biden poursuivait « la politique de pression maximale de Trump » contre l’Iran.  

M. Biden s’est dit prêt à relancer l’accord, mais insiste pour que l’Iran revienne d’abord à tous ses engagements nucléaires, dont la plupart ont été suspendus en réponse aux sanctions américaines. Téhéran demande de son côté à Washington de faire le premier pas en supprimant les sanctions.  

Les États-Unis « n’ont même pas annoncé leur engagement à s’acquitter de leurs responsabilités » dans le cadre de l’accord et de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui le consacre, a déclaré M. Khatibzadeh.

Selon le porte-parole iranien, « l’Amérique doit mettre fin à ses sanctions illégales et unilatérales et revenir à ses engagements ». Et « cela n’a besoin ni de négociations ni de résolutions ».

« Tout comme (l’Iran) reviendra à ses engagements conformément à la levée des sanctions, il répondra de la même manière aux actions et comportements hostiles ».

Peu de temps après sa déclaration, le porte-parole a affirmé sur Twitter : « La censure n’est PAS de la diplomatie. Cela ne fonctionne pas avec l’Iran ».

M. Khatibzadeh a souligné que l’Iran continuerait de consulter les autres parties à l’accord nucléaire et le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, « en sa qualité de coordinateur (de l’accord), à la fois bilatéralement et multilatéralement ».

La Maison-Blanche s’est dite « déçue » mais « prête a reprendre une diplomatie sensée afin de revenir à un respect mutuel des engagements » prévus dans l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Équilibre à trouver

Les autorités iraniennes ont annoncé mardi avoir commencé à limiter certaines inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur ses activités nucléaires, après l’expiration de l’échéance fixée pour la levée des sanctions américaines.

La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont déclaré « regretter profondément » cette décision de Téhéran jugée « dangereuse ».  

Le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, a lui déclaré la semaine dernière qu’un accord « temporaire » de trois mois, convenu lors d’une visite à Téhéran, était « loin d’une situation idéale » mais permettra à l’organisation de continuer à surveiller « toutes les activités clés ».

Selon les termes de cet accord, les données sur le programme nucléaire iranien « seront stockées mais non transmises à l’AIEA », d’après le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.  

L’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) a indiqué que ces images seraient « supprimées à jamais » si les sanctions ne sont pas « complètement levées d’ici trois mois ».

La récente décision de l’Iran de limiter les inspections de l’AIEA sera au cœur des discussions cette semaine du Conseil des gouverneurs, qui devra trouver un équilibre entre fermeté et retenue pour ne pas compromettre les chances de sauver l’accord de 2015.  

La réunion, par vidéoconférence, s’ouvrira lundi à 9 h 30 GMT depuis le siège de l’AIEA à Vienne, où M. Grossi, tiendra une conférence de presse à la mi-journée.