(Washington) Joe Biden a appelé vendredi les puissances européennes à travailler de concert avec les États-Unis pour répondre aux « activités déstabilisatrices » de l’Iran au Moyen-Orient, un jour après que Washington a accepté l’invitation des Européens à participer à des pourparlers pour réactiver l’accord sur le nucléaire iranien.  

Téhéran avait plus tôt, vendredi, de nouveau exhorté Washington à lever toutes les sanctions imposées par l’ex-président Donald Trump.

Ces développements surviennent à la veille d’une visite à Téhéran de Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le « chien de garde nucléaire » de l’ONU chargé des inspections des installations iraniennes.

La visite aura lieu alors qu’expire dimanche le délai donné par le Parlement iranien, qui a adopté une loi prévoyant de restreindre l’accès de l’AIEA à des installations non nucléaires, y compris de sites militaires, suspectées d’activités nucléaires, si les sanctions américaines ne sont pas levées d’ici là.  

La loi doit être appliquée à partir du 23 février.

Ces inspections sont prévues par l’accord international de 2015 qui visait à encadrer le programme nucléaire iranien. Donald Trump en avait retiré unilatéralement les États-Unis en 2018, en rétablissant les sanctions américaines qui étranglent l’économie iranienne.

Après le retrait des États-Unis, l’Iran s’est affranchi progressivement de limites qu’il avait accepté d’imposer à son programme nucléaire en vertu de l’accord conclu avec le groupe 5+1 (États-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Russie, Chine).

« Menace » nucléaire

Lors de son premier grand discours international, Joe Biden a souligné vendredi que les États-Unis devaient répondre aux « activités déstabilisatrices » de l’Iran au Moyen-Orient.  

« La menace de la prolifération nucléaire requiert encore une diplomatie prudente et de la coopération entre nous », a déclaré Joe Biden à ses alliés européens, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, en mentionnant d’abord la Russie.  

« C’est pour cela que nous avons déclaré être prêts à reprendre les négociations du groupe 5+1 sur le programme nucléaire iranien », a-t-il ajouté.  

« Nous devons aussi absolument répondre aux activités déstabilisatrices de l’Iran à travers le Moyen-Orient, et nous allons travailler en étroite coopération avec nos partenaires européens et les autres », a-t-il précisé depuis la Maison-Blanche.  

Les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980.  

Donald Trump avait exercé la politique de « pression maximale » contre l’Iran accusé de soutenir le « terrorisme » et de vouloir se doter de l’arme nucléaire.

L’Iran a toujours démenti chercher à se doter de l’arme atomique. L’accord de 2015 prévoit une levée partielle des sanctions internationales, en échange de la garantie que l’Iran ne se dote pas d’une telle arme.

Pas de « concessions préalables »

Jeudi, après une réunion virtuelle des chefs de la diplomatie française, britannique, allemande et américaine, Washington avait annoncé accepter une invitation de l’Union européenne à des pourparlers avec Téhéran pour réactiver l’accord sur le nucléaire iranien.

Une annonce saluée rapidement par Londres et Berlin.  

Dans le même temps, l’administration Biden avait fait un autre geste jeudi en annulant une proclamation unilatérale de Donald Trump sur un retour de sanctions de l’ONU contre l’Iran, datant de septembre 2020.  

Ces sanctions « restent levées », a indiqué Washington dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, et obtenue par l’AFP jeudi.

Téhéran « annulera immédiatement » ses mesures de rétorsion si les États-Unis « lèvent sans condition toutes les sanctions imposées et rétablies par Trump », a écrit vendredi sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a martelé vendredi qu’il n’y aurait pas de « concessions préalables » aux pourparlers.  

« Notre influence s’est renforcée maintenant que nous sommes de nouveau sur la même longueur d’onde que nos partenaires européens », a-t-il ajouté dans un entretien accordé à BBC World News.  

Le retrait ordonné par Donald Trump avait privé Washington de « visibilité sur le terrain », une « erreur », a souligné de son côté la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki, à bord d’Air Force One.  

Dans un troisième geste jeudi, les États-Unis avaient annoncé l’allègement de restrictions aux déplacements à New York des diplomates iraniens auprès de l’ONU. L’administration Trump leur imposait de se cantonner à quelques rues autour du siège de l’ONU.