(Bakou) Un tribunal azerbaïdjanais a maintenu en appel la condamnation d’un journaliste indépendant à 16 ans de prison pour « haute trahison » dans une affaire controversée, a indiqué lundi son épouse à l’AFP.

L’appel de Polad Aslanov a été « rejeté dans un jugement injuste suivant les ordres politiques du gouvernement », a affirmé Goulmira Aslanova.

Condamné pour « espionnage »

Jugé coupable d’espionnage en faveur de l’Iran en novembre dernier, M. Aslanov travaillait auparavant pour les sites d’informations xeberman.com et press.az, réputés pour leur critique du gouvernement, dans un pays où la presse et l’opposition sont étroitement contrôlées.

En grève de la faim depuis fin janvier, le journaliste ne pèse aujourd’hui plus que 44 kilos, a affirmé son épouse. Il souffre de douleurs aux reins et à l’estomac, selon elle, et il ne reçoit pas d’aide médicale.

Mme Aslanova a précisé que son mari allait poursuivre sa grève et porter son affaire devant la Cour suprême d’Azerbaïdjan.

PHOTO FOURNIE PAR GULMIRA ASLANOVA, VIA COMITÉ DE PROTECTION DES JOURNALISTES

Le journaliste Polad Aslanov.

Le journaliste avait été arrêté en juin 2019 avec sa femme et sa fille à la frontière azerbaïdjanaise avec l’Iran, où ils se rendaient pour un mariage, selon Mme Aslanova.

Contrairement à sa femme et sa fille, le journaliste a été maintenu en détention et accusé d’avoir vendu des secrets d’État à Téhéran.

Enquêtes sur la corruption

Il dénonce une affaire fabriquée de toutes pièces et accuse le gouvernement azerbaïdjanais de vouloir le punir pour ses enquêtes sur la corruption au sein des services de sécurité.

« En jetant en prison un journaliste critique sur la base de fausses accusations, l’Azerbaïdjan confirme sa réputation parmi les pays emprisonnant le plus de reporters en Eurasie », a indiqué le Comité de protection des journalistes dans un communiqué.

Pour sa part, Reporters sans frontières a dénoncé un « traitement inhumain » mettant en péril la vie de Polad Aslanov et a appelé les autorités à lui apporter un soutien médical et un « procès honnête ».  

Riche en hydrocarbures et dirigé sans partage par Ilham Aliev, l’Azerbaïdjan, une ex-république soviétique, est régulièrement accusé de violations des droits humains et d’étouffer la presse indépendante.