(Téhéran) L’Iran a autorisé tous les membres d’équipage d’un pétrolier sud-coréen saisi début janvier à quitter l’Iran, à l’exception du capitaine, une décision annoncée mardi que le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifiée d’« acte humanitaire ».

Le Hankuk Chemi a été saisi, et son équipage arrêté, par les forces des Gardiens de la Révolution — armée idéologique de la République islamique — le 4 janvier près du stratégique détroit d’Ormuz. Téhéran accuse le pétrolier battant pavillon sud-coréen de pollution maritime.

Séoul avait aussitôt exigé la libération rapide du pétrolier et de ses vingt membres d’équipage de nationalités sud-coréenne, indonésienne, vietnamienne et birmane.

Pression sur des avoirs gelés

Le bateau a été saisi à une période où Téhéran pressait Séoul de débloquer 7 milliards de dollars d’avoirs iraniens gelés par la Corée du Sud en raison de sanctions américaines.

« Dans un acte humanitaire de la part de l’Iran, l’équipage du bateau-citerne sud-coréen accusé de polluer l’environnement du Golfe persique a été autorisé à partir », a déclaré mardi Saïd Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

Une décision prise après « une demande du gouvernement sud-coréen et avec la coopération du pouvoir judiciaire » en Iran, a-t-il poursuivi, ajoutant que l’affaire du pétrolier et de son capitaine était toujours en cours d’examen, sans plus de précision.

M. Khatibzadeh n’a pas précisé si les membres d’équipage concernés par cette autorisation avaient déjà quitté le territoire.

L’agence de presse sud-coréenne Yonhap, faisant référence au ministère sud-coréen des Affaires étrangères, a indiqué mardi soir que le capitaine allait rester en Iran pour veiller sur le navire. Aucune précision n’a été donnée concernant un éventuel départ du pétrolier.

Téhéran a accusé le 5 janvier la Corée du Sud de retenir « en otage » 7 milliards de dollars américains de fonds appartenant à l’Iran.

Ali Rabii, porte-parole du gouvernement iranien, avait alors accusé Séoul d’avoir refusé à Téhéran la possibilité d’utiliser ses fonds « même pour (l’achat de) biens qui ne font pas l’objet de sanctions » de la part des États-Unis.

Téhéran a nié tout lien entre l’arraisonnement et le contentieux sur l’argent bloqué.

« Maximum d’efforts »

L’Iran était l’un des principaux fournisseurs de pétrole de la Corée du Sud jusqu’à ce que ce pays cesse ses achats sous la pression des sanctions américaines rétablies à partir de 2018 par l’ancien président américain Donald Trump, au nom d’une politique de « pression maximale » contre l’Iran destinée à tarir ses recettes pétrolières.

Selon M. Khatibzadeh, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a discuté par téléphone mardi avec son homologue sud-coréen, qui a assuré que Séoul déployait « le maximum d’efforts » pour débloquer les fonds le plus tôt possible.

Le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères Choi Jong-kun a mené en janvier, dans le cadre d’une visite prévue de longue date, des entretiens à Téhéran sur le bateau saisi et les sommes gelées.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif avait alors déploré « des restrictions » sur des fonds iraniens qui constituaient selon lui « le plus grand obstacle » aux relations bilatérales entre Téhéran et Séoul, avait rapporté l’agence officielle Irna.

Téhéran avait appelé en janvier à ne pas politiser l’affaire du pétrolier sud-coréen, après que Paris et Washington ont appelé la République islamique à restituer immédiatement ce pétrolier.

La saisie du Hankuk Chemi était la première menée par les forces iraniennes depuis plus d’un an.

Les Gardiens de la Révolution ont arraisonné en juillet 2019 le pétrolier Stena Impero battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz — par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole —, avant de le relâcher deux mois plus tard.

L’arraisonnement du Stena Impero avait alors été perçu comme une riposte à la saisie par les autorités britanniques à Gibraltar d’un pétrolier iranien qui avait été relâché, en dépit d’objections américaines.

Téhéran a nié tout lien entre les deux incidents.

Les forces iraniennes ont saisi au moins six autres navires cette année-là, pour contrebande présumée de carburant.