(Beyrouth) Des affrontements nocturnes ont opposé à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, les forces de sécurité à des jeunes manifestants hostiles aux restrictions sanitaires, a rapporté mercredi la Croix-Rouge libanaise faisant état d’au moins 45 blessés.

Au moins neuf des blessés ont dû être soignés dans des hôpitaux, a indiqué la Croix-Rouge, à la suite de bagarres mardi soir.

Les manifestants ont lancé des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de l’ordre et les soldats qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, selon une correspondante de l’AFP sur place.

Dans un communiqué, l’armée libanaise a indiqué que 31 soldats avaient été blessés lors des affrontements.  

Il n’était toutefois pas clair dans l’immédiat si les soldats blessés étaient inclus dans le bilan communiqué par la Croix-Rouge libanaise.  

L’armée a par ailleurs arrêté cinq personnes soupçonnées d’avoir « vandalisé des propriétés publiques et privées, incité à des émeutes et attaqué les forces de sécurité », indique le communiqué.  

Lundi déjà, au moins 30 autres personnes avaient été blessées dans des affrontements similaires dans cette ville où les restrictions sont moyennement respectées.

Grande métropole du nord, Tripoli était déjà l’une des villes les plus pauvres du Liban avant la flambée du nouveau coronavirus et les divers confinements décrétés par les autorités en près d’un an, qui ont aggravé les conditions de vie de ses habitants.  

De nombreux résidents, notamment des journaliers, se sont retrouvés sans revenu depuis l’entrée en vigueur le 14 janvier d’un des confinements les plus stricts dans le monde, incluant un couvre-feu 24h/24, en vue d’enrayer une progression exponentielle des contaminations et soulager les hôpitaux saturés, dans un pays déjà en pleine crise économique.

« Je ne peux même pas acheter du pain », a déploré Abdallah al-Bahr, un manifestant de 39 ans.  

« Nous allons mourir de faim ou du coronavirus », a ajouté ce père de trois enfants à l’AFP.  

Jusqu’ici limité à la seule ville de Tripoli, le mouvement de protestation anti-confinement s’est élargi mardi soir, des manifestants bloquant les routes principales dans d’autres régions du pays.

Les autorités libanaises ont prolongé jusqu’au 8 février un confinement strict, décrété au départ jusqu’au 25 janvier.

Le petit pays de six millions d’habitants a recensé jusqu’ici 285 754 cas, dont 2477 décès.

Outre le couvre-feu permanent, le confinement actuel s’accompagne d’une fermeture des commerces. Des exceptions, pour le personnel médical ou les journalistes, et des attestations de sortie sont prévues pour certains déplacements.

Les autorités œuvrent à augmenter le nombre de lits disponibles pour les patients atteints de la COVID-19, alors que le secteur hospitalier subit une forte pression, aggravée par les conditions économiques et monétaires du pays.

Le Liban est englué dans sa plus grave crise économique avec une dépréciation historique de sa monnaie, une hyperinflation et des licenciements massifs. La moitié de la population vit désormais dans la pauvreté.