(Téhéran) L’Iran a salué mercredi le départ du « tyran » Donald Trump, jeté aux « poubelles de l’Histoire », et estimé que « la balle est désormais dans le camp » du nouveau président américain Joe Biden pour un éventuel retour de Washington à l’accord sur le nucléaire iranien.

« L’ère d’un autre tyran arrive à son terme et aujourd’hui est le dernier jour de son règne affreux », a déclaré le président Hassan Rohani en conseil des ministres, quelques heures avant l’investiture de M. Biden comme président des États-Unis.

« Tout au long de ses quatre années (à la Maison-Blanche, M. Trump) n’a porté d’autres fruits que ceux de l’injustice et de la corruption et (il) n’a apporté que des problèmes à son propre peuple et au reste du monde », a ajouté le président iranien dans cette allocution télévisée.

« Trump, (le secrétaire d’État Mike) Pompeo et compagnie sont relégués aux poubelles de l’Histoire », a déclaré de son côté dans un tweet le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, après la prestation de serment de M. Biden.

Téhéran et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, et entretiennent des relations tendues depuis.

Traité de 2015 sur le nucléaire iranien

En 2015, la République islamique d’Iran et le Groupe des Six (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) ont conclu à Vienne un Plan d’action global commun (PAGC) censé régler la question nucléaire iranienne après douze années de tensions.

Ce pacte offre à l’Iran un allègement des sanctions internationales le visant en échange d’une limitation drastique de son programme nucléaire et de garanties prouvant qu’il ne cherche pas à acquérir la bombe atomique.

Mais M. Trump en a sorti unilatéralement son pays en 2018, rétablissant du même coup les sanctions américaines que l’accord avait permis de lever.

Le retour des sanctions a plongé l’Iran dans une profonde récession. En riposte, Téhéran s’est affranchie depuis 2019 de la plupart de ses engagements clés pris à Vienne.

L'Iran dit être prêt à relancer le traité

« Trump est mort, sa carrière politique aussi, mais le PAGC est vivant », a déclaré M. Rohani, dont le pays répète être prêt à revenir immédiatement au respect plein et entier de l’accord si les États-Unis lèvent toutes les sanctions édictées contre l’Iran depuis 2018.  

Choisi par M. Biden pour être son ministre des Affaires étrangères, Antony Blinken a jugé mardi que la politique de M. Trump avait rendu l’Iran « plus dangereux ».

M. Blinken a confirmé la volonté de M. Biden de faire revenir les États-Unis rapidement dans le giron de l’accord de Vienne, mais il a conditionné cela à un retour préalable de l’Iran au respect strict de ses engagements. Or Téhéran demande avant toute chose la levée des sanctions et le respect par Washington de toutes ses obligations.

« M. Biden doit savoir qu’il est de sa responsabilité de lever ces sanctions », a déclaré Mohammad Javad Zarif, ajoutant que c’était pour l’Iran un point « non négociable ».

« Aujourd’hui, la balle est dans le camp des États-Unis », a déclaré M. Rohani.

L’Iran, selon lui, est prêt à agir sur la base du principe du donnant-donnant à condition que Washington fasse le premier pas. « Ils doivent revenir à la légalité, (au respect de leurs) engagements, aux règles internationales. »