(Nations unies) Des dirigeants arabes ont exprimé mercredi des craintes devant l’Assemblée générale annuelle de l’ONU de voir émerger un nouveau conflit au Moyen-Orient alors que les tensions s’accentuent entre l’Iran et les États-Unis.

« Nous ne voulons pas que l’Irak devienne une sorte de terrain de jeux pour d’autres forces qui vont s’entretuer sur notre territoire », a déclaré le président irakien Barham Selah dans une vidéo de son discours préenregistré.

« Nous avons vu assez de guerres et assez d’attaques contre notre souveraineté », a-t-il ajouté.

Cette année, l’Assemblée générale de l’ONU est virtuelle en raison de la pandémie de COVID-19 avec des discours enregistrés à l’avance par les dirigeants de la planète.  

L’Irak est en position délicate entre l’Iran voisin et les États-Unis qui ont envahi et renversé le dictateur irakien Saddam Hussein en 2003.

En janvier, le président américain Donald Trump avait ordonné d’abattre à Bagdad l’un des principaux responsables militaires iraniens, le général Qassem Soleimani, abattu avec un dirigeant chiite irakien, provoquant des appels au départ des forces militaires américaines présentes en Irak. Des appels rejetés par le président américain qui a cependant ordonné en septembre une réduction de leur nombre dans le cadre de ses promesses électorales d’arrêter avec les guerres sans fin.

Le président Saleh a critiqué la présence dans son pays de groupes « anarchiques », dont des attaques avaient conduit à la riposte américaine contre le général iranien. « Les armes doivent rester dans les mains des institutions étatiques irakiennes », a-t-il souligné.

L’État irakien mène une lutte inlassable contre les groupes illégaux et pour contrôler les armements, a assuré le président. Il a aussi indiqué que la bataille était menée contre une corruption endémique, une priorité pour le nouveau premier ministre Mustafa al-Kadhemi arrivé au pouvoir après des manifestations massives dans le pays.

Arabie et Iran

Pour mettre au pas l’Iran, Donald Trump multiplie les sanctions économiques après avoir renié un accord nucléaire conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances.

Lundi, le président américain s’est félicité du retour de sanctions internationales de l’ONU contre l’Iran, mais le reste du monde, Européens en tête, ne reconnaît pas la validité juridique de ce mouvement.

En évoquant des attaques menées l’an dernier contre l’Arabie saoudite et attribuées à l’Iran, le roi saoudien Salmane dans son discours vidéo à l’Assemblée générale de l’ONU s’est montré amer.

« Le Royaume a tendu ses mains pacifiques à l’Iran avec une attitude positive et ouverte au cours des dernières décennies, mais en vain », a-t-il déploré.

L’Arabie saoudite « a salué les efforts internationaux pour faire face au programme nucléaire iranien, mais, à maintes reprises, le monde entier a été témoin de la façon dont le régime iranien exploitait ces efforts afin d’intensifier ses activités expansionnistes », a-t-il dit, accusant l’Iran de « terrorisme ». Il a en particulier cité le Yémen où l’Arabie saoudite combat les rebelles Houthis soutenus par Téhéran.

En début de semaine, le président iranien Hassan Rohani avait dénoncé devant l’ONU les « milliards de dollars d’armements » vendus par les États-Unis aux pays du Moyen-Orient, transformant selon lui la « région en un baril de poudre ».