(Téhéran) Le guide suprême d’Iran, Ali Khamenei, a une nouvelle fois écarté vendredi toute éventuelle négociation avec les États-Unis car elle profiterait selon lui uniquement au président Donald Trump en campagne pour l’élection présidentielle.

Dans un discours télévisé à l’occasion de l’Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice, le numéro un iranien a également estimé que la politique de sanctions des États-Unis contre son pays avait échoué.  

Les tensions entre l’Iran et les États-Unis, pays ennemis, n’ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral en 2018 de l’administration Trump de l’accord sur le nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines.

« Ce vieil homme au pouvoir a manifestement utilisé ses négociations avec la Corée du Nord pour faire de la propagande. Maintenant il veut utiliser [d’éventuelles négociations avec l’Iran] pour l’élection » présidentielle américaine de novembre, a dit l’ayatollah Khamenei, âgé de 81 ans, en allusion à M. Trump, âgé lui de 74 ans.  

En échange d’éventuelles négociations, les États-Unis réclameraient que l’Iran, « réduise [ses] capacités de défense, détruise [sa] puissance régionale et abandonne l’industrie nucléaire vitale », a-t-il ajouté. Et « il n’est pas logique de se soumettre aux demandes de l’agresseur ».

Les États-Unis ont notamment rétabli des sanctions sur les exportations de pétrole iraniennes et sur les échanges bancaires avec l’étranger.  

« Il n’y a aucun doute que les sanctions sont un crime, un coup des États-Unis contre l’Iran », a encore dit M. Khamenei. « Mais l’Iranien intelligent a tiré le meilleur parti de cette agression et a profité […] des sanctions pour accroître l’autonomie nationale. »

Et de continuer que les sanctions ont « permis à l’économie du pays d’être moins dépendante du pétrole », ainsi que le développement d’autres secteurs comme l’industrie automobile et des exportations aux pays voisins.

D’après le guide suprême, les « centres de réflexion [occidentaux] reconnaissent eux-mêmes que la [politique] de pression maximale des États-Unis a échoué ».

Ali Khamenei a en outre accusé les États européens, parties à l’accord sur le nucléaire, de « n’avoir rien fait » pour garantir les bénéfices économiques pour l’Iran prévus par le pacte et estimé que le mécanisme de troc conçu pour contourner les sanctions américaines était un « jouet inutile ».  

Le mécanisme « Instex » créé par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, fonctionne comme une chambre de compensation et permet à des entreprises européennes de commercer avec l’Iran sans s’exposer aux conséquences des sanctions extraterritoriales américaines.