(Téhéran) Le nouveau coronavirus a entraîné trois nouveaux décès en Iran, portant à 15 le nombre de personnes ayant succombé dans le pays, où le président Hassan Rohani a appelé au calme, le chef de la diplomatie américaine exhortant Téhéran à « dire la vérité » sur l’épidémie.

« Le régime iranien aurait caché des détails vitaux sur l’épidémie dans ce pays », a accusé Mike Pompeo, lors d’une conférence à Washington.

PHOTO MINISTÈRE DE LA SANTÉ D’IRAN, VIA AP

Le vice-ministre de la Santé de l’Iran, Iraj Harirchi, a affirmé mardi dans une vidéo diffusée par la télévision d’État avoir attrapé le COVID-19. La veille, lors d’une conférence en compagnie du porte-parole du gouvernement, Ali Rabiei (à d.), il avait toussé et paraissait transpirer.

« Tous les pays, y compris l’Iran, doivent dire la vérité sur le coronavirus et coopérer avec les organisations d’aide internationale », a-t-il martelé.

Les propos du secrétaire d’État américain interviennent au lendemain de ceux d’un député de Qom – ville d’où est partie l’épidémie en Iran – faisant état de 50 morts des suites du nouveau coronavirus.  

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Masque, gants et parapluie à Téhéran. Un piéton prudent s’est plus que passablement protégé.

Événements suspendus

Le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi a démenti lundi ces propos, promettant de démissionner si ce chiffre était confirmé, avant d’annoncer mardi qu’il avait été lui-même contaminé par le virus.

Un autre politicien, le député réformiste Mahmoud Sadégui, a également annoncé être infecté. « J’ai peu d’espoir pour ma survie », a-t-il déclaré sur Twitter, avant de se raviser plus tard en indiquant qu’il était soigné et allait mieux.

Le nombre de décès dus au nouveau coronavirus en Iran est le deuxième plus élevé après la Chine continentale, où plus de 2600 personnes ont succombé au COVID-19.

Face à la propagation du virus, qui a contaminé 95 personnes en Iran selon un dernier bilan du ministère de la Santé, les voisins de la République islamique ont annoncé des mesures de restrictions des déplacements et de placement en quarantaine.

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À Qom, ville sainte chiite qui attire pèlerins et théologiens du monde entier, le gouvernement a promis d’être plus transparent après avoir été accusé de minimiser le bilan.  

Dernière en date : les Émirats arabes unis, important partenaire commercial de Téhéran, ont suspendu les vols avec l’Iran, à l’instar de l’Arménie, le Koweït, l’Irak, Oman et la Turquie.

Depuis l’annonce le 19 février des deux premiers décès dus à la maladie, à Qom, ville sainte chiite qui attire pèlerins et théologiens du monde entier, le gouvernement a promis d’être plus transparent après avoir été accusé de minimiser le bilan.  

Le ministère de la Santé a confirmé 34 nouveaux cas et trois décès mardi : deux femmes âgées, dont l’état de santé était déjà dégradé par différentes pathologies, de la province centrale de Markazi, et un malade de la province d’Alborz, dans le nord, selon l’agence officielle Irna.

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Des préposés sanitaires désinfectent des wagons de métro à Téhéran.

Selon le ministère de la Santé, la plupart des cas concernent des personnes s’étant récemment rendues à Qom (centre). Dans cette ville sainte chiite, 16 des nouveaux cas avaient été confirmés, selon le porte-parole du ministère Kianouche Jahanpour.

Neuf autres ont été identifiés à Téhéran et deux à Alborz, Gilan et Mazandaran, d’après la même source.

Le virus semble se répandre dans plusieurs autres provinces, un cas ayant été identifié dans les provinces du Khorassan (nord-est), de Fars et sur l’île de Qeshm (sud).

Épicentre de l’épidémie, Qom n’a pas encore été mise en quarantaine, mais des événements religieux prévus notamment au mausolée de Masoumeh ont été suspendus le temps de désinfecter les lieux.  

« Un imprévu menaçant »

Des photos publiées par des agences de presse locales montrent des hommes en uniforme bleu portant des masques et aspergeant murs et objets dans le mausolée, tandis que des fidèles non protégés prient et embrassent la structure décorée entourant une tombe.

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Des préposés sanitaires portant des masques et aspergent murs et objets avec du désinfectant dans le mausolée Masoumeh, à Qom, tandis que des fidèles non protégés prient et embrassent la structure décorée entourant une tombe.

Dans d’autres provinces comme celle de Téhéran, le métro et les bus ont été désinfectés pendant la nuit.

M. Rohani a appelé au calme, affirmant que l’épidémie n’était pas pire que d’autres ayant déjà touché l’Iran.

« Les rapports que j’ai reçus du ministère de la Santé sont prometteurs. Nous progressons vers un contrôle de la maladie », a déclaré le président à la télévision d’État, qualifiant le virus d’« imprévu menaçant ».

Les ventes de masques, de gel désinfectant et de gants jetables ont explosé, de nombreux responsables promettant une augmentation de la production.  

Nombre d’écoles, universités et centres culturels ont été fermés jusqu’à la fin de la semaine.

Le pays est encore à la recherche de l’origine du virus sur son territoire. Le ministre de la Santé, Saïd Namaki, a toutefois affirmé qu’une des personnes mortes à Qom était un commerçant local ayant effectué plusieurs voyages en Chine.

M. Namaki avait plaidé sans succès en janvier pour la suspension des vols entre l’Iran et la Chine. La suspension est aujourd’hui effective, mais le commerçant de Qom n’avait selon lui pas pris de vol direct.