(Ankara) La Turquie a affirmé lundi avoir « neutralisé » plus de 100 soldats du régime de Damas en réponse à un bombardement syrien qui a fait cinq morts dans les rangs de l’armée turque dans le nord-ouest de la Syrie.

« D’après nos sources, 101 membres du régime ont été neutralisés, trois chars et deux canons ont été détruits et un hélicoptère a été touché », a déclaré le ministère turc de la Défense dans un communiqué.

Il n’était pas possible de vérifier ces chiffres de manière indépendante dans l’immédiat.

Plus tôt, cinq soldats turcs avaient été tués et cinq blessés dans un bombardement du régime de Damas sur des positions d’Ankara dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

La semaine dernière, huit militaires turcs avaient déjà été tués dans un bombardement du régime de Bachar al-Assad à Idleb, dernier bastion de l’opposition syrienne dominé par des groupes djihadistes.

Risque d'escalade entre la Turquie et la Syrie

Lundi, le ministère turc de la Défense a prévenu qu’Ankara riposterait « de la plus ferme des manières » à toute nouvelle attaque.

Signe de la gravité de la situation, le chef de l’État Recep Tayyip Erdogan a présidé lundi soir à Ankara une réunion consacrée à la situation à Idleb, en présence de plusieurs ministres, du chef de l’état-major des armées et du patron des services de renseignement, selon les médias.

Ces échanges de tirs d’artillerie risquent de provoquer une nouvelle escalade entre la Turquie et le régime syrien, qui est appuyé par la Russie.

La Turquie, qui appuie certains groupes rebelles en Syrie, a déployé d’importants renforts dans cette province ces derniers jours pour enrayer l’avancée du régime qui a mis les bouchées doubles depuis décembre.

Après l’échange de tirs la semaine dernière, le président Erdogan avait sommé la Syrie de reculer dans la province d’Idleb, et demandé à Moscou de faire davantage pour contrôler les forces du régime.

Même si elles soutiennent des camps opposés en Syrie, la Turquie et la Russie ont renforcé leur coopération sur ce dossier, en parrainant par exemple un accord de cessez-le-feu lors d’un sommet à Sotchi en 2018.

La nouvelle attaque du régime est d’ailleurs intervenue alors qu’une délégation russe se trouvait à Ankara pour des pourparlers visant à trouver une solution à Idleb.

La Turquie craint une nouvelle vague migratoire

Lors de cette rencontre, les responsables turcs ont appelé la Russie à « assumer ses responsabilités » en tant que pays garant de l’accord de Sotchi, a indiqué rapporté la présidence turque dans un communiqué.

Le conflit en Syrie a fait plus de 380 000 morts depuis 2011 et jeté sur la route de l’exil plus de la moitié de la population d’avant-guerre – plus de 20 millions d’habitants.

La situation à Idleb préoccupe particulièrement Ankara en raison de sa proximité avec la frontière turque.

Ankara redoute qu’une offensive de grande ampleur ne déclenche une nouvelle vague migratoire vers la Turquie, pays où plus de 3,5 millions de Syriens ont déjà trouvé refuge depuis le début du conflit.