(Kaboul) Deux militaires américains ont été tués et six autres blessés samedi au cours d’une attaque au fusil-mitrailleur perpétrée par un soldat afghan dans l’est de l’Afghanistan, mettant en lumière l’insécurité persistante dans ce pays en guerre depuis 18 ans.

« Les informations actuelles indiquent qu’un individu portant un uniforme afghan a ouvert le feu avec un fusil-mitrailleur sur un groupe de soldats américains et afghans », a déclaré dimanche dans un communiqué le porte-parole des forces américaines en Afghanistan, Sonny Leggett.

Il avait précédemment confirmé que ces militaires avaient essuyé des « tirs directs » dans la province de Nangarhar.

Selon le ministère afghan de la Défense, un soldat afghan a également été tué et trois membres des forces de sécurité de la province blessés lors de l’attaque.

Le ministère précise qu’une enquête est en cours et affirme dans un communiqué qu’il poursuivra avec les États-Unis la lutte contre « le terrorisme ». Ce type d’attaque n’a pas d’effet sur « l’amitié » ni « la coopération » entre les armées afghane et américaine, ajoute-t-il.

Selon le gouverneur de la province Shah Mahmood Meyakil, il n’était pas encore établi si l’incident était un acte délibéré perpétré par une personne « infiltrée » ou s’il s’agissait d’un accident. « Il n’y a pas eu d’affrontement entre les forces. Nous enquêtons », a dit M. Meyakil.

Le porte-parole des forces américaines a lui aussi indiqué que la raison de cette attaque était pour l’instant inconnue.

Il n’y avait pas dans l’immédiat de revendication de l’attaque.

Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans, a refusé de commenter cette attaque, affirmant dans un message adressé à l’AFP que son groupe était en train « d’enquêter ».

Dans un tweet, le 7e groupe des forces spéciales de l’armée américaine a dit que « plusieurs » de ses soldats ont été tués ou blessés.

L’année dernière a été la plus meurtrière pour les troupes américaines en Afghanistan depuis la fin officielle des opérations de combat à la fin 2014.

Complexes négociations

En décembre, des talibans infiltrés dans les rangs des militaires afghans ont tué neuf soldats afghans dans le centre du pays.

En juillet, un soldat afghan a tué deux militaires américains lorsqu’ils se trouvaient dans une base militaire afghane dans la province de Kandahar (sud).

Cet incident intervenait quelques semaines après qu’un autre soldat afghan eut tué par balles un colonel de l’armée afghane dans la province de Ghazni (est).

Le président américain Donald Trump a réaffirmé mardi au Congrès sa volonté de retirer à terme les soldats américains d’Afghanistan, martelant que les États-Unis n’avaient pas vocation à faire du maintien de l’ordre dans ce pays.

« En Afghanistan, la détermination et la valeur de nos combattants nous ont permis de faire d’énormes progrès et des pourparlers de paix sont en cours », a-t-il lancé lors de son discours sur l’état de l’Union.

« Ce n’est pas notre rôle de servir d’agence de maintien de l’ordre pour d’autres pays », a-t-il ajouté, réaffirmant sa volonté de « mettre un terme à la plus longue guerre américaine et de ramener nos troupes à la maison ».

« Nous travaillons pour mettre fin aux guerres de l’Amérique au Moyen-Orient », a-t-il insisté.

Les États-Unis négocient depuis un an et demi avec les talibans un accord censé permettre à l’armée américaine d’engager un retrait progressif en échange de garanties dans la lutte antiterroriste et de l’ouverture de pourparlers de paix directs inédits entre les insurgés islamistes et le gouvernement de Kaboul.

Mais la signature d’un tel texte, imminente début septembre, a été annulée à la dernière minute par Donald Trump, après un énième attentat qui avait tué notamment un soldat américain.

Les discussions ont depuis repris à Doha, au Qatar, mais semblent buter sur l’exigence américaine d’une réduction significative de la violence de la part des rebelles.