(Beyrouth) Une cinquantaine d’établissements médicaux ont fermé dans la région d’Idleb en Syrie, cible d’une offensive meurtrière des forces du régime de Bachar al-Assad, a indiqué lundi l’Organisation mondiale pour la Santé..  

Plus de la moitié de la province d’Idleb, mais aussi des territoires adjacents dans les régions d’Alep, de Hama et de Lattaquié sont dominés par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Des groupuscules djihadistes et des factions rebelles affaiblies y sont également présents.

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Les corps recouverts de civils tués dans une frappe aérienne. Neuf civils, des adultes et de petits enfants, ont été enterrés dans une fosse commune dans le village d'Urum al-Kubra lundi.

Depuis début décembre, le régime, appuyé par l’aviation de son allié russe, bombarde quasi-quotidiennement ces secteurs et a réussi ces dernières semaines à prendre le contrôle de plusieurs localités.

Quatorze civils tués, dont six enfants

Pendant l’offensive du régime, 14 civils dont six enfants ont été tués et 20 blessés dans de nouveaux raids russes dans l’ouest de la province d’Alep, selon un nouveau bilan de l’OSDH.

« Des avions de combat ont visé une voiture qui transportait des déplacés », a dit à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

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Un véhicule transportant des déplacés a été visé par une frappe aérienne russe près du village de Kafer Naha, dans la province d'Alep lundi. i

Un correspondant de l’AFP dans la localité d’Urum al-Kubra a pu voir les corps de neuf de ces victimes, dont des enfants au visage ensanglanté, enveloppés dans des couvertures.

Dans la province d’Idleb, les forces du régime visent à présent la ville de Saraqeb, située sur une autoroute clé reliant la ville d’Alep à la province côtière de Lattaquié.

Les forces gouvernementales ont pris un tronçon de l’autoroute et se sont emparés du village d’Al-Nerab, selon l’Observatoire. Elles se trouvent à 8 km de la grande ville d’Idleb.

Se disant « profondément préoccupé », le patron de l’ONU Antonio Guterres a appelé à cesser « immédiatement » les hostilités.

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Des membres de la défense civile syrienne --les Casques blancs-- préparent les corps de petits enfants tués durant un bombardement, avant leur enterrement dans une fosse commune dans la localité d’Urum al-Kubra. Huit civils ont été tués dans un bombardement aérien d'un village de la province d'Alep.

Le front d’Idleb représente la dernière grande bataille stratégique pour le régime Assad, qui contrôle désormais plus de 70 % du territoire après avoir multiplié les victoires face aux djihadistes et rebelles.

Les forces syrienne sont déployées dans le nord-est du pays, tenu par les Kurdes, mais cette minorité continue d’y jouir d’une certaine autonomie. Des zones dans le nord sont tenues par les forces turques et leurs supplétifs syriens.

Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 380 000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.

Près de 390 000 déplacés

Selon l’ONU, les violences ont poussé à la fuite plus de 388 000 personnes de la province d’Idleb.  

Rien qu’en janvier, « au moins 53 établissements de santé ont suspendu leurs services en raison de l’insécurité, de menaces d’attaques, ou du simple fait que des régions entières ont été désertées par les civils cherchant un refuge loin des bombardements quotidiens », a indiqué l’OMS dans un communiqué.

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Le village syrien d'Al-Nayrab, environ 14 km au sud-est de la ville d'Idleb, bombardé lundi par les forces du régime du président Bachar Al-Assad et leur allié russe.

L’organisation « tire la sonnette d’alarme sur les menaces graves pour la santé qui pèsent sur des centaines de milliers de Syriens contraints de fuir en raison de l’intensification des hostilités ».

Depuis le début de l’année, l’OMS a constaté deux attaques contre des infrastructures de santé, qui ont tué dix personnes et blessé 30.

« Pour les familles syriennes en fuite, c’est un accès encore plus limité aux soins médicaux de base, une pénurie croissante de médicaments […] », déplore l’agence onusienne.

Quelque trois millions de personnes vivent à Idleb dont la moitié sont des déplacés.

Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 380 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.