(Washington) Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a vivement dénoncé lundi l’exécution « barbare » par l’Iran de l’opposant Rouhollah Zam.

« Les États-Unis condamnent fermement l’exécution barbare et injuste de Rouhollah Zam, un journaliste iranien enlevé à l’étranger par le régime », a tweeté M. Pompeo au sujet du dissident quadragénaire qui disposait du statut de réfugié en France et a été exécuté par pendaison samedi en Iran.

En s’élevant contre l’exécution de M. Zam, Mike Pompeo se joint à l’Union européenne et à la France, dont l’ambassadeur, ainsi que celui de l’Allemagne ont été convoqués par Téhéran, qui regrette une « une ingérence inacceptable ».

Au moins 251 exécutions en 2019

Installé plusieurs années en France, Rouhollah Zam avait été arrêté à une date et dans un lieu inconnus, avant d’être reconnu coupable d’avoir joué un rôle actif dans la contestation de l’hiver 2017-2018 et condamné à mort.

Au moins 25 personnes avaient été tuées dans ces troubles ayant touché plusieurs dizaines de villes iraniennes entre le 28 décembre 2017 et le 3 janvier 2018. Téhéran avait qualifié de « sédition » ce mouvement de protestation contre la vie chère ayant rapidement pris un tour politique.

Avec au moins 251 exécutions en 2019, l’Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale, selon le dernier rapport mondial sur la peine de mort d’Amnistie internationale.

Par ailleurs, la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme s’est dite lundi « consternée » par l’exécution de Zam, dénonçant le recours « alarmant et croissant » de Téhéran à la peine de mort.

« Je suis consterné » par son exécution, a déclaré Michelle Bachelet dans une déclaration écrite envoyée aux médias, soulignant que la peine de mort est « simplement inconciliable avec la dignité humaine » et « trop souvent arbitraire ».

« Aveux obtenus par la torture »

« Sa condamnation à mort et son exécution par pendaison sont emblématiques d’un schéma d’aveux forcés obtenus par la torture et diffusés sur les médias d’État, servant de base pour condamner des personnes », a-t-elle réagi.

En outre, a-t-elle poursuivi, il existe « de sérieuses inquiétudes quant au fait que l’arrestation de Zam en dehors du territoire iranien pourrait équivaloir à un enlèvement et que son transfert ultérieur en Iran pour y être jugé n’aurait pas respecté les garanties d’une procédure régulière ».

Rouhollah Zam, qualifié de « journaliste et dissident » par l’ONG de défense des droits humains Amnistie internationale, a été pendu samedi en Iran.

Il avait été reconnu coupable d’avoir joué un rôle actif (par le biais de la chaîne Amadnews qu’il dirigeait sur la plateforme de messagerie cryptée Telegram) dans la contestation de l’hiver 2017-2018 en Iran.

M. Zam avait vécu en exil plusieurs années en France où il avait le statut de réfugié, avant d’être arrêté par les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, dans des circonstances obscures.

Enlevé durant un séjour en Irak ?

Son arrestation avait été annoncée en octobre 2019, mais l’Iran n’a pas précisé le lieu ni la date des faits. L’ONG Reporters sans frontières a accusé le régime de Téhéran de l’avoir enlevé alors qu’il se trouvait en Irak.

Dans sa déclaration, Mme Bachelet a appelé les autorités iraniennes « à cesser immédiatement leur recours alarmant et croissant à la peine de mort et à de vagues accusations de sécurité nationale pour réprimer les voix indépendantes et la dissidence en Iran ».

« En vertu du droit international en matière de droits de l’homme, si elle est appliquée, la peine de mort doit être limitée aux crimes les plus graves, impliquant un homicide volontaire, et après des procédures respectant pleinement les garanties d’un procès équitable, le droit de faire appel et le droit de demander la clémence. Ces conditions cumulatives n’ont manifestement pas été remplies dans le cas de Rouhollah Zam », a conclu la Haute-Commissaire.