(Kaboul) Au moins 14 personnes ont été tuées mardi dans le centre de l’Afghanistan, quand deux bombes ont explosé à Bamiyan, une ville célèbre pour ses bouddhas détruits par les talibans et pourtant considérée comme la moins dangereuse de ce pays, ont annoncé des responsables.

« Quatorze personnes ont été tuées et 45 autres blessées dans l’explosion » de deux bombes, a dit à l’AFP Zabardast Safi, le chef de la police de Bamiyan, précisant que 13 civils et un agent de circulation figuraient parmi les morts.

Le porte-parole de la police, Reza Yosufi, a ajouté que les bombes avaient été placées dans deux endroits différents et que deux suspects avaient été arrêtés.

L’attaque met fin à des années de calme dans cette ville isolée, habitée par la minorité Hazara et célèbre pour son héritage culturel bouddhiste.

Tareq Arian, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, a confirmé le bilan de la police, dénonçant « un crime impardonnable ».

Ces violences n’ont pour l’instant pas été revendiquées, mais les talibans ont nié y être impliqués.

Selon Anwar Saadatyar, un journaliste qui s’est ensuite rendu sur les lieux, les bombes ont explosé sur un marché « quand les gens étaient occupés à faire leurs courses » et sur une route près d’un hôpital.

« Quand je suis arrivé au marché, la plupart des morts et blessés avaient été emmenés à l’hôpital, mais il y avait toujours du sang et des morceaux de corps partout », a-t-il raconté à l’AFP.

Selon des témoins de l’autre explosion auxquels M. Saadatyar a parlé, « la plupart des victimes étaient des étudiants ».

« Je me suis ensuite rendu à l’hôpital et j’ai vu des gens qui pleuraient car leurs proches avaient été tués ou blessés dans les explosions. Il y avait aussi tant de blessés que les médecins ne savaient pas qui soigner en premier », a continué le journaliste.

« C’est une scène que je n’oublierai jamais ».

Bouddhas de Bamiyan

Bamyan est célèbre pour deux gigantesques statues de Bouddha sculptées dans les parois d’une falaise.

En 2001, les talibans ont suscité l’indignation de la communauté internationale lorsqu’ils ont fait exploser ces monuments vieux de plus de 1000 ans, tentant de détruire toute trace de la période préislamique.  

La province est considérée comme la moins dangereuse et parmi les moins conservatrices de l’Afghanistan.

Avec ses temples anciens, ses monastères et ses peintures bouddhistes, ainsi que ses monts enneigés, la province de Bamiyan accueille des touristes étrangers et des compétitions de ski.

Elle est en grande majorité habitée par la minorité chiite Hazara. Cette minorité a été plusieurs fois prise pour cible par le groupe État islamique (EI), notamment en mai dernier lorsqu’une maternité à Kaboul, gérée par l’ONG Médecins sans frontières, a été attaquée, entraînant la mort de 25 personnes, dont seize mères.

Les talibans, qui avaient eux aussi persécuté les Hazaras pendant la guerre civile des années 90, ont assuré n’être aucunement liés aux actions meurtrières de mardi.

« Les explosions dans la province de Bamiyan n’ont rien à voir » avec les talibans, a déclaré sur Twitter leur porte-parole Zabihullah Mujahid.

Malgré les pourparlers en cours entre le gouvernement afghan et les insurgés depuis le 12 septembre, l’Afghanistan continue d’être ravagé par les violences.

Au cours des six derniers mois, les talibans ont mené 53 attaques suicides et commis 1250 attentats, qui ont fait 1210 morts et 2500 blessés parmi les civils, a déclaré le ministère de l’Intérieur la semaine dernière.