(Ryad) Le roi Salmane d’Arabie saoudite a prôné jeudi la fermeté face à l’Iran, sur fond de craintes que l’élection de Joe Biden à la présidence américaine conduise à un relâchement des sanctions contre son rival régional.

Le souverain saoudien, qui s’adressait à une nouvelle session du Conseil consultatif, le Majlis al-Choura, dont les 150 membres sont désignés, a lancé un appel aux puissances mondiales, les exhortant à être « fermes » face à l’Iran.

Cette position est nécessaire, a-t-il plaidé, pour « empêcher (ce pays) de se doter d’armes de destruction massive et de développer son programme de missiles balistiques », ce qui constitue, selon lui, une menace pour l’ensemble de la région.

Sous l’administration de Donald Trump, qui accuse l’Iran malgré ses démentis de chercher à se doter de l’arme nucléaire, les États-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 d’un accord international visant à limiter drastiquement les activités sensibles de l’Iran et ont rétabli des sanctions économiques paralysantes contre ce pays.

Ennemis de plus de 40 ans, la République islamique d’Iran et les États-Unis se sont retrouvés par deux fois au bord de la guerre depuis juin 2019, sur fond de tensions autour de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Le président Donald Trump, qui a dénoncé ce pacte, a lancé contre Téhéran une campagne de « pression maximale » à coup de sanctions ayant plongé l’Iran dans une violente récession.

L’Arabie saoudite sunnite, qui se dispute le leadership de la région avec l’Iran chiite, semble craindre que le président élu Joe Biden revienne à l’accord conclu alors qu’il était vice-président de Barack Obama.

Changement de cap ?

Depuis le retrait américain, l’accord nucléaire ne tient qu’à un fil, soutenu à bout de bras par l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, parties prenantes au pacte.

L’Iran a, après ce retrait, enfreint plusieurs de ses engagements pris dans le cadre de l’accord, comme la production d’uranium enrichi.

Mercredi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a demandé des « explications complètes et rapides à l’Iran concernant la présence de particules d’uranium anthropogénique (résultant d’activités humaines) sur un site non déclaré » à l’agence onusienne.

Joe Biden a promis de « changer de cap » après la campagne de « pression maximale » de Donald Trump, coupable selon le démocrate d’avoir rapproché « l’Iran de la bombe atomique ».

La rivalité entre l’Arabie saoudite et l’Iran remonte à 1979, année du triomphe de la révolution islamique iranienne. L’Arabie saoudite a vu dans le prosélytisme de l’Iran chiite des années 1980 une tentative d’exporter son modèle « révolutionnaire ».

Les deux pays se sont livré depuis plusieurs guerres par procuration, que ce soit au Liban, au Yémen, en Irak ou en Syrie.

Ces tensions entre les deux rivaux, qui n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 2016, ont été exacerbées par une série d’attaques contre des pétroliers dans les eaux du Golfe, que Washington a imputées à l’Iran.

Pétrole

Riyad accuse en outre l’Iran de soutenir militairement les rebelles Houthis au Yémen, ce que Téhéran nie. L’Arabie saoudite dirige une coalition militaire dans ce pays contre les Houthis et en soutien au pouvoir.

Sur le conflit israélo-palestinien, le roi Salmane a réaffirmé dans son discours le soutien de son pays à la solution de deux États dans tout règlement.

Il n’a pas mentionné les accords de normalisation conclus par deux de ses alliés arabes du Golfe, les Émirats arabes unis et Bahreïn, avec Israël.

L’Arabie saoudite a montré des signes de rapprochement avec Israël, mais affirme exclure, malgré les pressions américaines, de nouer des relations avec ce pays avant la conclusion d’un accord de paix israélo-palestinien.

Sur un autre plan, le roi Salmane a dit attendre du sommet du G20 que son pays accueille le 21 et 22 novembre qu’il « renforce la coopération » entre les pays du monde.

Il a souligné que le royaume ultraconservateur saoudien, premier exportateur de brut dans le monde, continuerait de travailler à « la stabilité » du marché pétrolier.