(Khost) Une très longue et violente attaque contre une base de la police, marquée par trois attentats-suicides suivis d’une fusillade, a fait mardi au moins cinq morts et 33 blessés dans l’est de l’Afghanistan, frontalier du Pakistan, a-t-on appris auprès de responsables.

« Ce matin à 5 h 50 (1 h 20 GMT), des terroristes ont fait sauter une voiture chargée d’explosifs près d’un complexe des forces spéciales de la police de la ville de Khost », a déclaré Tariq Arian, un porte-parole du ministère de l’Intérieur.

L’explosion de la charge, actionnée par un kamikaze, a été suivie par deux autres attentats-suicides à la voiture piégée, ainsi que par une fusillade ayant duré neuf heures entre sept assaillants, finalement abattus, et les forces de sécurité, a déclaré à l’AFP Ghulam Daud Tarakhil, le chef de la police de Khost.

M. Arian a confirmé la fin de l’attaque.

Cinq policiers ont été tués et 33 personnes blessées, dont neuf civils, selon M. Tarakhil.

Aucun groupe n’a pour l’instant revendiqué l’assaut. Khost est le bastion du réseau Haqqani, la branche des talibans créditée des attaques les plus sanglantes et complexes, notamment d’un attentat au camion piégé contre la zone verte de Kaboul en mai 2017 qui avait fait plus de 150 morts.

La violence a également frappé Kaboul mardi. Trois civils ont été tués et dix blessés par l’explosion d’une bombe placée sous une voiture près de l’aéroport, a déclaré le porte-parole de la police Ferdaws Faramuz dans un communiqué.

L’Afghanistan connaît une montée de la violence, alors que les talibans et le gouvernement de Kaboul ont entamé en septembre des pourparlers à Doha visant à mettre fin à des décennies de guerre, pour l’instant sans grandes avancées.

« La fenêtre pour parvenir à un règlement politique ne restera pas ouverte éternellement », a tweeté mardi l’émissaire américain pour l’Afghanistan Zalmay Khalilzad, prochainement attendu au Qatar.

Dans une déclaration séparée, le Département d’État américain a déclaré que M. Khalilzad tenterait de persuader les deux parties d’« accélérer leurs efforts et de convenir d’une feuille de route politique » pour mettre fin au conflit.

« Les parties ont besoin de toute urgence d’un accord sur une réduction de la violence menant à un cessez-le-feu permanent et complet », a-t-il ajouté.  

Kaboul demande depuis des années un cessez-le-feu aux talibans, que ceux-ci refusent d’envisager, craignant de perdre l’un de leurs leviers les plus importants dans le cadre de négociations.

D’après la mission de l’ONU en Afghanistan (Manua), le nombre de victimes civiles n’a pas baissé depuis le début des pourparlers le 12 septembre.

« Les pourparlers de paix auront besoin d’un certain temps pour contribuer à la paix », a déclaré la cheffe de la Manua, Deborah Lyons, dans un rapport.

« Mais toutes les parties peuvent immédiatement donner la priorité aux discussions et prendre des mesures supplémentaires urgentes, et franchement en retard, pour endiguer les terribles dommages causés aux civils », a-t-elle ajouté.

Le total de victimes civiles a toutefois décru d’environ 30 % au cours des neuf premiers mois de 2020 par rapport à la période correspondante de l’an passé, soit 2177 civils tués et 3822 blessés, selon l’ONU.

Cette baisse correspond à une diminution des violences durant la phase de négociation ayant précédé le début des pourparlers de Doha. Mais celles-ci sont reparties de plus belle depuis lors.  

Entre janvier et fin septembre, quelque 58 % des victimes civiles ont été causées par des « éléments anti-gouvernementaux » comme les talibans et le groupe État islamique, et 23 % par les forces afghanes, selon l’ONU.

Les talibans, dans un communiqué, ont rejeté les résultats du rapport onusien.