(Jérusalem) Les autorités israéliennes ont fermé mardi pour une période indéterminée le point d’entrée des marchandises entre l’État hébreu et la bande de Gaza en guise de représailles à de nouveaux tirs de ballons incendiaires depuis l’enclave palestinienne paupérisée.

Au cours de la semaine dernière, des ballons incendiaires ont été lancés à plusieurs reprises depuis l’enclave palestinienne vers Israël, ce qui a mené à des frappes de représailles israéliennes contre des positions du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza.  

Dans la foulée, l’État hébreu a annoncé tôt mardi la fermeture du point de passage stratégique de Kerem Shalom sauf pour « l’aide humanitaire essentielle et le carburant ».

« Cette décision a été prise en raison des lancers incessants de ballons incendiaires depuis la bande de Gaza vers Israël », a précisé dans un communiqué l’organe israélien chargé des opérations civiles dans les Territoires palestiniens (Cogat), qui accuse le Hamas d’être « responsable » de ces lancers depuis l’enclave de deux millions d’habitants.

« Le terrorisme des ballons paiera un lourd tribut, nous ne le tolérerons pas […] Ils devraient se rappeler ce que nous avons fait par le passé car nous pouvons encore le faire aujourd’hui », a déclaré le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à l’adresse du Hamas et du Djihad islamique palestinien, autre grand groupe islamiste armé de Gaza.  

La fermeture de Kerem Shalom n’a pas arrêté la vague de tirs de ballons incendiaires depuis Gaza : les pompiers israéliens ont fait état en soirée d’une soixantaine de ces lancers dans le sud d’Israël au cours de la seule journée de mardi, sans toutefois faire état de victimes.  

Le Hamas a de son côté dénoncé la fermeture de Kerem Shalom qu’il a qualifiée de mesure « agressive » témoignant de « l’insistance » d’Israël à « assiéger » la population de l’enclave palestinienne et ne pouvant que contribuer à « aggraver » la situation humanitaire.

Selon la Banque Mondiale, environ 53 % de la population de Gaza vivait sous le seuil de pauvreté avant la crise du nouveau coronavirus, mais ce nombre pourrait passer à 64 % en raison du ralentissement économique lié à la pandémie.    

Si le point de passage pour les marchandises de Kerem Shalom a fermé, le poste-frontière de Rafah entre Gaza et l’Égypte, fermé en avril en raison de la pandémie, a lui rouvert pour trois jours mardi.  

Le terminal de Rafah avait été ouvert en avril pour permettre l’entrée de Gazaouis de l’étranger, mais cette fois le poste frontière a été ouvert dans les deux sens, autorisant ainsi une partie de la population à quitter Gaza pour la première fois depuis le début de la pandémie.    

« Pression »

Le Hamas et Israël se sont livré trois guerres (2008, 2012, 2014) depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007 qui a poussé Israël à imposer un blocus sur ce territoire palestinien frontalier de l’Égypte.  

Malgré une trêve l’an dernier, favorisée par l’ONU, l’Égypte et le Qatar, les deux camps s’affrontent sporadiquement avec des tirs de roquettes, d’obus de mortier ou de ballons incendiaires depuis Gaza et des frappes de représailles de l’armée israélienne.

Selon des analystes palestiniens, les tirs depuis Gaza visent à faire pression sur l’État hébreu pour qu’il donne son feu vert à l’entrée de l’aide financière du Qatar dans l’enclave.

« Ces roquettes et ces ballons incendiaires sont des messages du Hamas à Israël pour améliorer les conditions économiques dans l’enclave, alléger le blocus et mettre en œuvre une partie des accords conclus par les deux camps via l’Égypte », a dit à l’AFP Jamal Al-Fadi, professeur de sciences politiques à l’Université al-Azhar de Gaza.  

« Je ne m’attends pas à une guerre car aucun camp ne souhaite de guerre » à ce stade, a-t-il ajouté.