(Téhéran) L’Iran a affirmé samedi avoir arrêté le chef d’un « groupe terroriste » basé aux États-Unis et accusé d’être derrière un attentat meurtrier perpétré dans une mosquée du sud du pays en 2008.

« Jamshid Sharmahd, chef du groupe terroriste Tondar (basé) aux États-Unis […], est désormais entre les mains » des services du renseignement iranien, a indiqué le ministère des Renseignements dans un communiqué cité par la télévision d’État.

Le communiqué ne précise ni où, ni comment, ni quand M. Sharmahd, qui résidait d’habitude aux États-Unis, a été arrêté, mais a évoqué une « opération compliquée ».

Dans ce contexte, l’Iran s’en est pris aux États-Unis, son ennemi, pour avoir accueilli M. Sharmahd, les accusant « de soutenir des terroristes connus qui ont revendiqué la responsabilité de plusieurs actes terroristes à l’intérieur » du territoire iranien.

« Ce régime (les États-Unis, NDLR) doit répondre de son soutien à ce groupe terroriste et à d’autres groupes […] qui orchestrent des opérations armées et de sabotage contre le peuple iranien depuis l’Amérique et versent le sang des Iraniens », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon le ministère des Renseignements, M. Sharmahd a organisé l’attentat de 2008 contre une mosquée à Chiraz qui avait fait 14 morts et quelque 200 blessés.

L’objectif affiché du groupe Tondar (« tonnerre » en persan), connu aussi sous le nom d’Association monarchiste d’Iran, est de renverser le pouvoir en République islamique d’Iran. Le groupe prône la violence et critique ouvertement le Coran.

Échec

Les autorités iraniennes avaient pendu en 2009 trois hommes reconnus coupables de l’attentat de Chiraz, affirmant qu’ils avaient des liens avec le groupe monarchiste et qu’ils avaient pris leurs ordres « d’un agent iranien de la CIA » installé aux États-Unis, pour tenter d’assassiner un haut responsable en Iran.

En 2010, deux autres membres présumés du groupe, Mohammad Reza Ali Zammani et Arash Rahmanipour, qui avaient selon Téhéran « avoué avoir projeté d’assassiner des responsables », avaient été pendus.

Selon le communiqué du ministère des Renseignements samedi, le groupe Tondar prévoyait de mener plusieurs « opérations majeures », comme faire exploser le barrage de Sivand à Chiraz ou le sanctuaire du fondateur de la République islamique, l’imam Khomeiny, à Téhéran. Mais elles ont échoué, a-t-il affirmé sans autre précision.

Le ministère a ensuite publié la photo d’un homme aux cheveux gris, les yeux bandés, présenté comme Jamshid Sharmahd. Il n’a pas précisé où et quand la photo avait été prise.

D’après le site internet de l’Association (Tondar.org), M. Sharmahd, né à Téhéran en 1955, a grandi dans une famille irano-allemande avant d’aller vivre en 2003 aux États-Unis où il s’est illustré par ses déclarations hostiles à la République islamique et à l’islam, sur des chaînes satellitaires en persan.

Opposants arrêtés

En octobre, l’Iran avait annoncé la détention d’un autre opposant autrefois exilé en France, Rouhollah Zam, là encore sans donner de détails sur les circonstances ou le lieu de son arrestation.

Accusé d’avoir joué un rôle actif dans les manifestations contre le pouvoir iranien en 2017-2018, M. Zam a été condamné à mort fin juin pour « corruption sur terre », l’une des charges les plus graves prévues par le Code pénal iranien.

L’Iran avait en outre capturé puis pendu en 2010 Abdolmalek Rigi, chef du groupe séparatiste sunnite Joundallah (« soldats de Dieu »), à l’origine d’une rébellion sanglante au Sistan-Baloutchistan dans le sud-est de l’Iran. Rigi avait été arrêté à bord d’un avion de ligne parti de Dubaï à destination du Kirghizistan lorsque des avions de combat iraniens ont forcé son avion à atterrir en Iran.

Ennemis de longue date, l’Iran et les États-Unis n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980. Leurs relations tendues ont connu un nouveau pic après le retrait unilatéral en 2018 de l’administration de Donald Trump de l’accord international sur le nucléaire iranien et le rétablissement de sanctions américaines contre Téhéran.

Les deux pays échangent régulièrement des invectives et s’accusent mutuellement de « terrorisme ».