(Paris) Les boîtes noires du Boeing ukrainien abattu en janvier au-dessus de Téhéran sont arrivées à Paris pour analyse au Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français, a-t-on appris samedi auprès du BEA, confirmant des informations de source iranienne.

Les boîtes noires « seront au BEA à partir de lundi » où une équipe internationale d’une vingtaine de personnes va pouvoir les décrypter, selon l’organisme français.

En juin, le BEA avait expliqué que les boîtes noires seraient analysées dans ses locaux, dans le cadre d’une « enquête de sécurité dirigée par l’Iran ».

Les forces armées iraniennes ont reconnu le 11 janvier avoir abattu « par erreur » trois jours plus tôt le Boeing assurant le vol PS 752 d’Ukraine International Airlines entre Téhéran et Kiev, peu après son décollage de l’aéroport international de Téhéran.

PHOTO EBRAHIM NOROOZI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le drame a coûté la vie aux 176 personnes à bord de l’appareil, en majorité des Iraniens et des Canadiens, pour beaucoup binationaux.

Frappé d’un embargo américain, Téhéran avait immédiatement annoncé après l’écrasement qu’il refusait d’envoyer aux États-Unis les boîtes noires, même si l’avion et les moteurs étaient de conception américaine.

Mais l’Iran ne dispose pas des moyens techniques permettant d’extraire et de déchiffrer les données des boîtes noires.

Après des passes d’armes diplomatiques entre le Canada et l’Ukraine, qui réclamaient que les boîtes noires soient envoyées à l’étranger pour analyse, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français avait indiqué fin juin que l’Iran lui avait officiellement demandé son assistance technique pour réparer et télécharger les données des boîtes noires.

« Le gouvernement français a eu une très bonne coopération avec la délégation iranienne, pour laquelle je remercie la France », a indiqué samedi le ministre adjoint iranien, Mohsen Baharvand, dans une interview au quotidien réformateur Etemad.

Peu de laboratoires dans le monde ont la capacité technique de remettre en état des enregistreurs endommagés pour pouvoir en extraire les données.  

Outre le NTSB américain, le BEA français figure parmi les plus réputés en la matière.

Le ministère iranien avait indiqué en juin que le processus d’envoi des boîtes noires avait été retardé par la pandémie de nouveau coronavirus qui a durement frappé l’Iran et qui a entraîné l’annulation de la plupart des vols internationaux.

Le dernier rapport de l’Aviation civile iranienne publié mi-juillet a indiqué que l’« élément clef » à l’origine du drame était une « erreur humaine », à savoir le mauvais réglage d’un radar militaire suivi d’autres dysfonctionnements.

Les boîtes noires devraient contenir des informations sur les derniers instants de l’avion avant qu’il ne soit frappé par deux missiles sol-air et ne s’écrase.

Ce jour-là, les défenses aériennes de l’Iran étaient en état d’alerte élevé après le tir par la République islamique de missiles sur une base irakienne abritant des soldats américains destinés à venger le puissant général iranien Qassem Soleimani, tué dans une frappe de drone américaine à Bagdad le 3 janvier.

L’équipe internationale qui analysera les boîtes noires à Paris sera composée d’experts de l’Iran, de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), du Royaume-Uni, du Canada, de l’Ukraine, de la Suède, des États-Unis et de France, a-t-on appris auprès du BEA.

Les travaux sur les boîtes noires devraient débuter le 20 juillet, selon le Bureau.