(Téhéran) L’Iran a déclaré lundi que le nouveau coronavirus avait ralenti ses plans de transmettre à l’étranger les boîtes noires de l’avion ukrainien que ses forces ont abattu par erreur en janvier au-dessus de Téhéran.

« Dès les premiers jours de cet incident douloureux, nous avons annoncé notre disponibilité pour coopérer à l’examen des boîtes noires de l’avion ukrainien », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii.

« Il n’y a rien de notre côté à cacher », a-t-il répondu à l’AFP lors d’une conférence de presse télévisée à Téhéran.

« S’il est possible de les lire en Ukraine […] ce sera fait en Ukraine. Sinon, les boîtes noires seront lues en France », a ajouté M. Rabii.

Le porte-parole a indiqué que le processus avait été ralenti de manière involontaire par la pandémie de nouveau coronavirus qui a entraîné l’annulation de la plupart des vols internationaux.

« Nous reprendrons ce processus (d’envoi des boîtes noires, NDLR) avec la reprise progressive des vols internationaux et la clarification des résultats des négociations » entre l’Iran et les autres parties concernées, a déclaré M. Rabii.

Les forces armées iraniennes ont reconnu le 11 janvier avoir abattu « par erreur » trois jours plus tôt le Boeing assurant le vol PS 752 d’Ukraine International Airlines entre Téhéran et Kiev peu après son décollage, tuant 176 personnes à bord de l’appareil.

Les défenses aériennes de l’Iran étaient en état d’alerte élevé après que la République islamique a tiré des missiles sur une base irakienne abritant des soldats américains pour venger le puissant général iranien Qassem Soleimani, tué dans une frappe de drone américaine à Bagdad le 3 janvier.

Les boîtes noires devraient contenir des informations sur les derniers instants avant que l’avion ne soit frappé par deux missiles sol-air et ne s’écrase.

Un important nombre des personnes à bord de l’avion abattu étaient des Canadiens.

Ottawa réclame depuis des mois que l’Iran, qui ne dispose pas de moyens techniques permettant d’extraire et déchiffrer les données des boîtes noires, transmette celles-ci à l’étranger pour analyse.

En mars, après que Téhéran eut annoncé être prêt à transférer les boîtes noires vers l’Ukraine ou la France, le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, avait évoqué « un pas dans la bonne direction ».

Il avait cependant ajouté qu’il jugerait les autorités iraniennes sur « leurs actions et non leurs paroles ».

L’épidémie de nouveau coronavirus a fait 8950 morts et a infecté près de 190 000 personnes en Iran selon les autorités depuis l’annonce des premiers cas en février.