(Téhéran) L’épidémie de nouveau coronavirus touche quasiment toutes les provinces en Iran, où les autorités ont annoncé mercredi 92 décès au total liés au COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé que le virus était à présent « bien établi » en Iran et mis en garde contre le manque d’équipements de protection individuels pour le personnel soignant.

PHOTO VAHID SALEMI, AP

Un Iranien dans un ascenseur se sert d’un cure-dent pour appuyer sur le bouton marquant l’étage où il veut aller. On voit à droite le distributeur de cure-dents destinés aux utilisateurs pour qu’ils ne touchent pas les boutons. Ce dispositif sanitaire artisanal comprend aussi, à gauche, un verre en carton collé dans le coin pour y disposer des cure-dents après usage.

Pour autant, le président iranien Hassan Rohani a rejeté mercredi une proposition, conditionnelle, d’assistance américaine pour aider son pays à combattre la maladie en dénonçant les sanctions « vicieuses » de Washington ayant un effet direct sur l’accès aux médicaments en Iran.

Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, 2922 personnes ont été infectées par le nouveau coronavirus en Iran, qui compte plus de 80 millions d’habitants.  

« Le nombre de nouveaux cas confirmés ces dernières 24 heures est de 586 », dont « quinze ont malheureusement perdu la vie, a déclaré le porte-parole du ministère, Kianouche Jahanpour, lors du point de presse quotidien. Le bilan total de morts est de 92.  

Avec 253 et 101 nouveaux cas respectivement, les provinces de Téhéran et de Qom, ville sainte chiite à 150 km au sud de la capitale, ont été les plus touchées, selon le porte-parole.  

La maladie COVID-19 touche désormais chacune des 31 provinces d’Iran sauf une, celle de Bouchehr (sud-est), en dépit des mesures prises par les autorités pour tenter d’empêcher sa propagation : fermetures des écoles et universités, suspension des événements culturels et sportifs ou encore réduction des heures de travail dans les administrations.

« Masque de la sympathie » 

« Le virus n’a pas d’ailes pour voler. C’est nous qui le propageons », a déclaré M. Jahanpour, appelant à réduire les contacts sociaux inutiles et rappelant que les autorités demandaient à tous d’éviter de se déplacer.

PHOTO ATTA KENARE, AFP

Un contrôle de température, au moment d’entrer dans un édifice de Téhéran, capitale de l’Iran, aujourd’hui.

Samedi, le président américain Donald Trump a affirmé être prêt à aider l’Iran à lutter contre l’épidémie de pneumonie virale, à condition que ce pays en fasse la demande.

Les Affaires étrangères iraniennes avaient rejeté dimanche cette proposition en disant se “méfier des intentions des Américains”.

Ceux « qui ont fait les choses les plus vicieuses contre la nation iranienne ces deux dernières années apparaissent (maintenant) parés du masque de la sympathie », a renchéri M. Rohani lors d’une réunion du cabinet.

« Notre peuple sait bien que vous mentez », a lancé le président iranien à l’adresse de M. Trump sans le nommer.

Celui-ci a retiré unilatéralement en 2018 son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, avant de rétablir de lourdes sanctions économiques contre Téhéran, que les États-Unis ne cessent de durcir.

Sur le papier, les médicaments et équipements médicaux échappent aux sanctions de Washington.

Mais en réalité, ces biens sont frappés comme les autres par ces mesures, les banques internationales préférant généralement refuser une transaction impliquant l’Iran par crainte de représailles aux États-Unis.

Responsables touchés

Comme les jours précédents, un calme inhabituel règne mercredi à Téhéran, où bien des magasins maintiennent leurs portes closes.

Dans les rues où fleurissent les affiches géantes rappelant les règles d’hygiène pour se protéger du virus, nombre d’habitants qui osent sortir portent un masque.

Les premiers cas de contamination au nouveau coronavirus ont été annoncés le 19 février à Qom.  

Plusieurs hauts responsables iraniens figurent parmi les personnes infectées par la pneumonie virale, dont Massoumeh Ebtékar, vice-présidente chargée des Femmes et de la Famille, Pirhossein Koulivand, chef du Service national des urgences, ou encore le vice-ministre de la Santé, Iradj Harirchi.

La maladie a même tué un membre du Conseil de discernement, instance d’arbitrage entre les institutions de la République islamique, Mohammad Mirmohammadi, selon l’agence Tasnim.