(Washington) Donald Trump a exhorté vendredi les Afghans à « saisir la chance de la paix », à la veille de la signature d’un accord historique au Qatar entre les États-Unis et les talibans qui doit ouvrir la voie à un retrait des troupes américaines après plus de 18 ans de guerre.

Une fois paraphé, ce texte négocié depuis un an et demi doit aussi lancer d’épineuses discussions de paix interafghanes et permettre au président américain, qui fait déjà campagne pour sa réélection, de se targuer d’avoir tenu l’une de ses promesses : mettre fin au plus long conflit de l’histoire des États-Unis.

« Nous exhortons les Afghans à saisir la chance de la paix », a affirmé M. Trump.  

« Si les talibans et le gouvernement afghan parviennent à respecter leurs engagements, nous aurons une voie toute tracée pour mettre fin à la guerre en Afghanistan et ramener nos soldats à la maison », a-t-il ajouté.

Jusqu’à 30 pays devraient être représentés lors de la signature de l’accord à Doha, à laquelle assistera le secrétaire d’État américain Mike Pompeo.  

Ce dernier a confirmé que les talibans respectaient une semaine de « réduction de la violence », condition préalable pour que les négociateurs américains, menés par Zalmay Khalilzad, signent ce pacte.

Cette semaine de diminution des combats, qui a été largement respectée de l’avis général, servait de test. Elle est censée démontrer la bonne volonté des talibans et, surtout, leur capacité à contrôler leurs troupes sur le terrain.

Le gouvernement afghan, lui, ne sera pas présent lors de la cérémonie. Mais il a envoyé à Doha une délégation de six personnes pour « une première prise de contact » avec les insurgés, a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du conseil de sécurité nationale, un organisme gouvernemental.  

Les talibans, depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis, ont toujours refusé de rencontrer le gouvernement de Kaboul, qualifié de « marionnette » de Washington.

Classe politique divisée

Présenté comme le début d’une nouvelle ère pour l’Afghanistan, pays pauvre ravagé par la guerre depuis 40 ans, l’accord américano-taliban laisse entrevoir la fin de l’intervention américaine lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre.

Le texte, qui n’est pas un accord de paix à proprement parler, vise à un retrait graduel des troupes américaines en Afghanistan en échange notamment de garanties sécuritaires et de l’ouverture d’un dialogue entre les insurgés et des représentants du gouvernement, de l’opposition et de la société civile.  

Les troupes américaines en Afghanistan passeraient dans un premier temps de 12 000 ou 13 000 soldats actuellement à 8600, avant de nouveaux départs progressifs qui n’auront lieu que si les talibans respectent leurs propres engagements.

Les insurgés promettent en contrepartie au départ des Américains, qu’ils réclament de longue date, de fournir des garanties sécuritaires en matière d’antiterrorisme, et d’entamer immédiatement des négociations de paix directes sans précédent avec les autorités de Kaboul.

Malgré les critiques de certains observateurs qui estiment qu’elle concède trop pour trop peu, l’administration Trump assure que les garanties antiterroristes fournies par les insurgés répondent à la raison première de l’intervention américaine, lancée en représailles aux attentats du 11-Septembre 2001 ourdis par Al-Qaïda depuis l’Afghanistan alors dirigé par les talibans.

Après la signature de l’accord américano-taliban, des négociations intra-afghanes entre les talibans le gouvernement afghan, son opposition et la société civile doivent démarrer.

Ces discussions, qui visent à définir l’avenir du pays et notamment qui le dirigera et comment, ainsi que la manière dont les talibans seraient intégrés dans la société, s’annoncent bien plus longues et ardues que celles entre insurgés et Washington.

Car face aux talibans, la classe politique afghane est divisée. Le président sortant Ashraf Ghani a été proclamé la semaine dernière vainqueur de l’élection de septembre, mais le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah conteste ces résultats et revendique aussi la victoire.