(Nations unies) La Russie s’est opposée mercredi à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une déclaration réclamant une cessation des hostilités et le respect du droit international humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie, proposée par la France, a-t-on appris de sources diplomatiques.

« La Russie a dit non », a déclaré à des journalistes l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière, visiblement furieux, à l’issue d’une réunion à huis clos très tendue du Conseil.

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« La Russie a dit non », a déclaré à des journalistes l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière. On le voit ci-haut dans cette photo d’archives, arrivant à l’édifice des Nations Unies à New York le 6 février.

« Il n’y a pas de déclaration », « cela n’a pas été possible », a confirmé son homologue belge, Marc Pecsteen de Buytswerve, président en exercice du Conseil de sécurité en février.

Échange d’insultes au Conseil de sécurité

Selon des diplomates, la réunion à huis clos, qui avait suivi une réunion publique, a été marquée par des échanges « d’insultes » et une très vive tension. La Russie a reproché de manière virulente aux Occidentaux « de ne pas comprendre la position russe », a rapporté l’un de ces diplomates. « Le Conseil est complètement paralysé », a-t-il déploré.

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Des pompiers devant une maison incendiée durant un bombardement de la ville de Turmanin par l’armée syrienne le 18 février.

L’opposition de la Russie à l’adoption d’un texte commun appelant à l’arrêt des hostilités dans la région d’Idlib a été soutenue par la Chine, selon des diplomates.

Lors de la réunion publique, l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, avait demandé aux Occidentaux d’arrêter de « protéger les groupes terroristes » et de « jouer la carte de la souffrance » de la population « dès que des groupes terroristes sont menacés » en Syrie.

L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, avait mis de son côté en garde le Conseil de sécurité contre un « péril imminent d’escalade » dans le nord-ouest de la Syrie, après les récentes déclarations de la Turquie et de la Russie.

« Aucun progrès »

« Je ne peux rapporter aucun progrès pour mettre fin aux violences dans le nord-ouest ou relancer le processus politique », avait avoué l’émissaire, le visage fermé. En dépit d’échanges intenses, « aucun accord » n’est intervenu entre Moscou et Ankara et, « au contraire », les récentes déclarations « suggèrent un péril imminent d’escalade », avait ajouté le responsable de l’ONU.

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Une colonne de réfugiés fuyant les violences dans la province d’Idleb.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est attiré mercredi une sévère mise en garde de Moscou après avoir menacé de lancer bientôt une offensive militaire en Syrie contre les forces du régime de Bachar al-Assad dans la région d’Idlib.

Selon l’ONU, quelque 900 000 personnes ont été déplacées autour d’Idlib depuis le 1er décembre, dont « plus de 500 000 enfants », dans le cadre d’une fuite devant l’offensive militaire syrienne appuyée par Moscou qui se déroule « dans des conditions atroces ».

Lors de la réunion publique, les États-Unis ont apporté leur soutien dans le bras de fer actuel à la Turquie, membre de l’OTAN et qui assume, a rappelé Washington, un poids considérable en accueillant des millions de réfugiés syriens.

La France avait appelé de son côté à « un sursaut collectif » pour mettre un terme à ce qui est qualifié de « plus grande crise humanitaire depuis le début du conflit en Syrie » en 2011.