(Beyrouth) Des frappes israéliennes ont tué jeudi en Syrie 23 soldats syriens et combattants étrangers, dernière opération en date de l’État hébreu qui s’attaque à la présence militaire de l’Iran dans le pays en guerre, selon une ONG.

Comme pour la plupart des précédentes attaques, l’armée israélienne n’a pas voulu commenter les nouvelles frappes, mais le régime syrien et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) ont accusé Israël.

À plusieurs reprises depuis le début de la guerre en 2011 chez le voisin syrien, les dirigeants israéliens ont affirmé qu’ils ne laisseraient pas la Syrie devenir la tête de pont de l’Iran, leur ennemi juré.

PHOTO D’ARCHIVES AMIR COHEN, REUTERS

Un F35 de l’aviation israélienne photographié durant un exercice militaire en novembre dernier.

Aux premières heures de jeudi, l’armée de l’air israélienne a bombardé des sites militaires dans la région de Damas et dans le sud du pays, selon les médias étatiques syriens.

Des correspondants de l’AFP à Damas ont entendu des explosions très fortes aux alentours de 1 h 15 (environ 23 h 15 GMT). La télévision d’État a diffusé des images montrant des explosions dans le ciel noir après l’entrée en action de la défense antiaérienne.

« Trois Iraniens » et sept autres combattants de nationalité étrangère membres de milices pro-iraniennes ont été tués dans les raids sur Kesswa, un secteur au sud-ouest de Damas plusieurs fois visé, selon l’OSDH qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Huit soldats de la défense antiaérienne du régime de Bachar al-Assad ont péri dans les frappes sur les régions de Jisr Bagdad et Mazzé près de Damas, d’après l’ONG. Cinq combattants syriens d’une faction pro-iranienne ont été tués à Ezra dans la province méridionale de Deraa.

Deux vagues

Selon une source militaire syrienne, citée par l’agence officielle Sana, la défense antiaérienne est entrée en action en riposte à deux vagues de frappes israéliennes contre des positions dans la région de Damas, et dans celles de Deraa et de Qouneitra, deux secteurs jouxtant la partie occupée par Israël du plateau syrien du Golan.

« L’attaque a fait huit blessés », a dit cette source sans faire état de morts.

Depuis le début du conflit, Israël a mené des centaines de frappes contre des positions de l’armée syrienne, iranienne et du Hezbollah libanais pro-iranien, deux alliés du régime Assad.

Mi-janvier, le régime syrien a accusé l’aviation israélienne d’avoir bombardé l’aéroport militaire T4, au centre de la Syrie, qui a selon l’OSDH tué trois combattants pro-Iran. Cette base a été plusieurs fois prise pour cible par des raids israéliens.

En novembre, l’armée israélienne a revendiqué une série de frappes contre des sites militaires du régime et de la force Qods des Gardiens de la Révolution iraniens. 23 combattants, dont 16 étrangers, ont péri, selon l’OSDH.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a ensuite confirmé que la force Qods, chargée des opérations extérieures d’Iran, faisait partie des cibles.

Front d’Idleb

Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations antigouvernementales par le régime, la guerre en Syrie a fait plus de 380 000 morts et jeté sur la route de l’exil des millions de personnes.

Au fil des ans, le conflit a gagné en complexité avec l’implication de puissances régionales et internationales et l’arrivée de multiples milices étrangères et groupes djihadistes.

Sur un autre front de la guerre, le régime Assad poursuit une offensive meurtrière dans le nord-ouest syrien, reprenant de nombreux villages et localités d’Idleb, une région dominée par des djihadistes et où se trouvent des groupes rebelles.

Pour la source militaire citée par Sana, « l’escalade israélienne ne va pas sauver les groupes terroristes armés qui s’effondrent à Idleb ».

Depuis mi-décembre, les bombardements du régime et de son allié russe sur le nord-ouest ont tué plus de 300 civils, selon l’OSDH. En deux mois, un demi-million de personnes ont été déplacées par les violences, d’après l’ONU.

L’Union européenne a réclamé la fin des bombardements sur Idleb et l’ouverture d’un accès humanitaire pour les populations de la région.