Les missiles lancés mardi sur les deux bases américaines en Irak ont marqué un nouveau chapitre dans le conflit entre les États-Unis et l’Iran. Les armes utilisées ont un potentiel dévastateur.

« L’Iran a utilisé des missiles balistiques de courte portée, qui ont un système guidé, a expliqué à La Presse Fabian Hinz, chercheur au James Martin Center for Nonproliferation Studies du Middlebury Institute of International Studies, en Californie. Ils sont plus lourds, avec des ogives plus puissantes, et ils peuvent voler beaucoup plus rapidement. » Rien à voir, dit-il, avec les roquettes lancées sur l’ambassade des États-Unis à Bagdad dimanche dernier, deux jours après l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani dans un raid américain en Irak. « C’est une différence incroyable », souligne-t-il.

Le chercheur notait, selon les premières informations qu’il avait reçues, que les ogives utilisées pouvaient être d’environ 500 kg.

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Les explosifs utilisés mardi pourraient être 100 fois plus puissants que les roquettes utilisées préalablement. De quoi laisser un cratère important.

Une autre variable à considérer restait la précision des missiles utilisés. Au cours des dernières années, l’armement de l’Iran s’est sophistiqué. En septembre dernier, une série d’attaques en Arabie saoudite avait agi comme un signal pour les États-Unis : la majorité des missiles et drones avaient atteint leur cible, a noté le Washington Post, causant une certaine surprise.

La précision des missiles envoyés mardi restait à voir, au moment d’écrire ces lignes. « À quel point le système iranien est fiable, c’est difficile à dire », a souligné M. Hinz.

Perfectionnement des armes

Dans les dernières années, l’Iran a utilisé le même type de missile en Irak, contre l’opposition kurde, et en Syrie, contre le groupe armé État islamique. Certains avaient atteint leur cible, d’autres pas. Ils avaient également fait la démonstration de leurs armes lors d’exercices, ne laissant aucun doute à la communauté internationale sur leur puissance de frappe.

PHOTO ATTA KENARE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

En février dernier, Téhéran a fait étalage de son équipement militaire à l’occasion du 40anniversaire de la Révolution islamique.

L’Iran aurait des missiles ayant une portée de plus de 1700 km — pouvant atteindre Israël sans passer par un groupe allié sur un autre territoire.

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

En 2015, Téhéran a testé Emad, un missile balistique à longue portée, soit quelque 1700 km.

La capacité militaire de Téhéran viendrait d’un changement opéré il y a plus de 10 ans par le leader du pays, l’ayatollah Ali Khamenei. Il aurait pris la décision d’investir des millions de dollars dans des laboratoires militaires pour améliorer les missiles du pays, et leur précision.

Les experts ont accueilli avec une certaine surprise l’attaque de mardi, provenant directement du territoire iranien. « Je soupçonnais qu’ils allaient faire quelque chose de gros, parce que l’assassinat du général était une chose importante pour [les Iraniens] », a noté M. Hinz.

La possibilité d’armer les groupes soutenus par l’Iran avec des missiles plus précis restait une préoccupation pour les pays alliés des États-Unis situés dans la région.

— Avec le Washington Post