(Lisbonne et Jérusalem) Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est entretenu mercredi à Lisbonne avec le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo pour lui demander «d’accroître la pression» sur le pouvoir «vacillant» à Téhéran, dans un contexte de manifestations au Moyen-Orient plaçant parfois l’Iran sur la défensive.

«Le premier sujet que je vais soulever c’est l’Iran, le deuxième aussi et le troisième aussi», a déclaré le dirigeant israélien juste avant l’entretien dans un hôtel de la capitale portugaise.

«Nous avons discuté des efforts pour contrer l’influence déstabilisatrice de l’Iran dans la région […] et d’autres sujets liés à la sécurité d’Israël», a ensuite écrit M. Pompeo sur Twitter.

«Nous avons la chance que le président Trump mène une politique cohérente de pression contre l’Iran», a ajouté M. Nétanyahou, qui joue actuellement sa survie politique après avoir été inculpé de «malversation», «abus de confiance» et «corruption» par la justice de son pays.

«Nous voyons l’empire iranien vaciller. Nous voyons des manifestations à Téhéran, à Bagdad et à Beyrouth. Il est important d’accroître cette pression», avait-il déjà dit à son départ pour le Portugal, affirmant vouloir prolonger avec M. Pompeo une discussion téléphonique engagée dimanche avec M. Trump.

La façon de «créer la stabilité au Moyen-Orient au moment où se déroulent des mouvements de protestation anti-Iran à Bagdad et à Beyrouth» a été une question «centrale» des discussions de M. Pompeo en marge du sommet de l’OTAN au Royaume-Uni, a déclaré pour sa part le secrétaire d’État à Lisbonne.

M. Pompeo, attendu au Maroc jeudi, a modifié son programme pour rencontrer M. Nétanyahou. Avant de s’envoler pour Rabat dans un contexte de rapprochement israélien avec certains pays arabes, il doit s’exprimer devant la presse jeudi matin à Lisbonne après un entretien avec son homologue portugais, Augusto Santos Silva.

Israël accuse depuis de nombreuses années l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, malgré les démentis répétés de Téhéran. L’État hébreu accuse aussi l’Iran de lancer des opérations contre son territoire depuis la Syrie, le Liban et la bande de Gaza.

Au cours des derniers mois, l’État hébreu a accusé l’Iran et son allié libanais Hezbollah de vouloir convertir des roquettes au Liban en missile de précision pouvant déjouer le système de défense antiaérien israélien et ainsi causé des dommages importants.

Ils «devraient avoir honte»

Washington s’est retiré unilatéralement en 2018 de l’accord international encadrant le programme nucléaire de l’Iran et a rétabli de lourdes sanctions asphyxiant son économie.

Du point de vue israélien, ces sanctions ont affecté l’économie iranienne, ce qui a poussé Téhéran à augmenter le prix de l’essence, suscitant une vague de manifestations dans le pays. A cela s’ajoutent des troubles en Irak et au Liban, deux pays où l’Iran exerce une grande influence – dans le second, l’influence iranienne est explicitement mise en cause.

Dans ce scénario, Israël tente de convaincre les grandes puissances de suivre le modèle américain de fortes sanctions contre la République islamique.

Il fustige la décision de pays européens, incluant la France, de soutenir l'INSTEX, un mécanisme de troc créé par les Européens pour contourner les sanctions américaines imposées à l’Iran en évitant d’utiliser le dollar.

«Pendant que le Moyen-Orient se tient debout avec bravoure contre l’Iran et ses hommes de main, il se passe quelque chose d’absurde : des pays en Europe tentent de contourner les sanctions américaines», avait déclaré dimanche Benyamin Nétanyahou, estimant que les pays européens pro-Instex «devraient avoir honte d’eux-mêmes».

Colonies et vallée du Jourdain

La rencontre entre MM. Nétanyahou et Pompeo est par ailleurs la première depuis que les États-Unis ont modifié, il y a deux semaines, leur politique sur les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés.  

Washington estime désormais que ces colonies ne sont pas contraires au droit international, allant à l’encontre de résolutions de l’ONU.

De son côté, M. Nétanyahou s’est engagé, s’il est maintenu au pouvoir, à annexer la vallée du Jourdain, bande de terre stratégique située en Cisjordanie occupée, et souhaite également un accord de défense avec les États-Unis, deux sujets qu’il dit vouloir aborder mercredi soir avec le secrétaire d’État américain.

La rencontre Nétanyahou-Pompeo intervient enfin alors que les États-Unis doivent dévoiler leur projet de paix pour le Moyen-Orient. Ce projet devait être connu après les élections israéliennes de septembre, mais celles-ci n’ont pas donné de vainqueur clair et l’État hébreu pourrait devoir tenir un nouveau scrutin, le troisième en un an, début 2020.