(Washington) Les États-Unis ont approuvé vendredi l’envoi de plusieurs milliers de militaires en Arabie saoudite afin de protéger leur principal allié arabe au Moyen-Orient des actes de « déstabilisation » menés selon eux par l’Iran dans un contexte de fortes tensions dans la région.  

Le ministre américain de la Défense Mark Esper « a autorisé le déploiement de forces américaines supplémentaires » en Arabie saoudite, a annoncé le Pentagone dans un communiqué.

« Avec les autres déploiements, cela représente 3000 soldats supplémentaires qui ont été prolongés ou autorisés au cours du dernier mois », a ajouté le ministère.

Washington avait déjà annoncé fin septembre l’envoi de 200 militaires dans le royaume, le premier déploiement du genre depuis le retrait des troupes américaines en 2003.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a été informé vendredi matin de cet envoi de troupes supplémentaires, qui vise à « assurer et améliorer la défense de l’Arabie saoudite », a précisé le Pentagone.

Outre les militaires, les renforts comprennent notamment des missiles Patriot et un bouclier anti-missile THAAD.  

Devant la presse, Mark Esper a dénoncé « l’attitude malveillante » de l’Iran, ainsi que sa « campagne pour déstabiliser le Moyen-Orient et perturber l’économie mondiale ».

Les Occidentaux accusent Téhéran d’avoir des visées hégémoniques dans la région, via le relais de milices pro-Iraniennes, du Liban à l’Irak, en passant par la Syrie. Téhéran s’en défend, assurant vouloir avant tout garantir sa sécurité face à ses voisins et rivaux du Golfe.

L’Iran, qui se considère comme le gardien du Golfe, menace également régulièrement de bloquer le détroit stratégique d’Ormuz – point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole – en cas d’action militaire américaine.

Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions dans la région, alors que des récentes tentatives de rapprochement entre Washington et Téhéran, des ennemis historiques, ont échoué.  

Longue liste d’incidents

Un pétrolier iranien a été touché vendredi par deux frappes de missiles présumées en mer Rouge, à une centaine de kilomètres du port saoudien de Jeddah.  

Selon la National Iranian Tanker Company (NITC), compagnie étatique iranienne, la coque du pétrolier Sabiti a été touchée par deux explosions « probablement causées par des frappes de missiles ».

Ces missiles ont été tirés depuis la côte saoudienne, avance Téhéran, qui n’a pas accusé directement les forces saoudiennes. La télévision d’État a ainsi évoqué la possibilité d’une « attaque terroriste ».  

L’incident est le dernier d’une longue série depuis le printemps, après notamment des attaques en Arabie saoudite attribuées à l’Iran par les Occidentaux, des saisies de pétroliers dans le Golfe et la destruction d’un drone américain par Téhéran.

En septembre, Riyad, Washington, puis Londres, Berlin et Paris ont accusé l’Iran d’être responsable de frappes aériennes contre deux sites pétroliers stratégiques dans le royaume saoudien, ce que la République islamique a démenti. Les attaques avaient suspendu une partie de la production saoudienne et fait flamber les cours du brut.

Les États-Unis ont par ailleurs renforcé leur présence militaire dans tout le Moyen-Orient, avec des appareils aériens de surveillance, des batteries antimissiles, des bombardiers B-52, ainsi que des drones.  

Le Pentagone a déployé depuis mai 14 000 soldats, qui viennent s’ajouter aux quelque 70 000 militaires stationnés d’ordinaire pour « assurer la sécurité dans la région ».

Les tensions entre les États-Unis et l’Iran n’ont cessé de monter depuis que Donald Trump a dénoncé en mai 2018 l’accord international sur le nucléaire iranien signé trois ans auparavant, et réintroduit de lourdes sanctions économiques contre Téhéran.

Des pans entiers de l’économie iranienne, de son système financier aux exportations de pétrole soumises à un strict embargo, sont sous le coup de ces sanctions qui visent à forcer la République islamique à renégocier un accord plus contraignant.

« Les États-Unis ne cherchent pas le conflit avec le régime iranien, mais nous conserverons une capacité militaire forte dans la région qui sera prête à répondre à toute crise et défendre les forces et les intérêts américains », a souligné le Pentagone.