(Nations unies) Le président iranien Hassan Rohani a fermé la porte mercredi à toute rencontre avec Donald Trump cette semaine à New York, posant en préalable la levée des sanctions américaines au moment même où les États-Unis accentuaient leur pression économique sur l’Iran.   

« Au nom de ma nation, j’aimerais annoncer que notre réponse à toute négociation tant qu’il y aura des sanctions est négative », a-t-il lancé à la tribune des Nations Unies à New York, où les dirigeants de la planète sont réunis depuis lundi à l’occasion de l’Assemblée générale de l’organisation.

Hassan Rohani a ainsi mis fin au suspense autour d’une possible rencontre historique entretenu ces derniers jours par un intense ballet diplomatique mené notamment par le président français Emmanuel Macron.

AFP

Emmanuel Macron et Hassan Rohani se sont rencontrés lundi soir à l'ONU.

« Les photos souvenir sont la dernière étape d’une négociation, pas la première », a martelé le dirigeant iranien, signifiant ainsi sa crainte qu’une telle entrevue ne débouche que sur un coup diplomatique pour Donald Trump, sans lendemain pour son pays.

« Pour que des pourparlers puissent être engagés, il faut respecter les accords », a-t-il pointé, alors que le milliardaire républicain a claqué la porte en 2018 du pacte international de 2015 sur le nucléaire iranien et réintroduit de lourdes sanctions contre Téhéran.

Le président américain, qui s’était dit prêt fin août au sommet du G7 à Biarritz à rencontrer son homologue, avait lui-même éloigné mardi la perspective d’un tel rendez-vous en promettant, à la même tribune, de « durcir » les sanctions « tant que l’attitude menaçante de l’Iran continuera ».

Et le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo est passé à l’acte sans attendre, annonçant mercredi des sanctions contre des sociétés chinoises accusées de « transporter sciemment du pétrole depuis l’Iran » en « violation » de l’embargo américain.

« Nous disons à la Chine, et à tous les pays : “sachez que nous allons sanctionner toute violation de nos sanctions visant chaque activité” », a-t-il lancé.

L’intense frénésie diplomatique des deux derniers jours à New York n’aura donc pas suffi.

De « plus en plus difficile »

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Hassan Rohani discute avec le présentateur vedette de Fox News, Chris Wallace.

Mardi soir, le président français, qui a multiplié les va-et-vient entre ses homologues américain et iranien, avait pourtant estimé que « les conditions d’une reprise rapide des négociations » avaient « été créées ».

« Il appartient maintenant à l’Iran et aux États-Unis d’Amérique de se saisir de ces conditions », par une « rencontre » Trump-Rohani ou par un processus plus « progressif », avait-t-il lancé.

Les deux protagonistes de la crise ont une « intention commune d’avancer », avait-il esquissé.

« Toutes les parties veulent des discussions, c’est un signal positif », voulait encore croire mercredi matin le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, avant le « non » iranien.

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Boris Johnson et Donald Trump.

Un tel face-à-face, le premier à ce niveau depuis la révolution islamique de 1979 et la rupture des relations américano-iraniennes qui a suivi, visait à faire retomber la tension, qui n’a cessé de monter ces derniers mois et est à son comble depuis les attaques du 14 septembre contre deux installations pétrolières saoudiennes, attribuées par les Occidentaux à Téhéran.

Le soufflet diplomatique est finalement retombé, y compris sur les efforts engagés pour sauver l’accord nucléaire iranien, dont la République islamique a commencé progressivement à s’affranchir face à la pression des sanctions américaines.

« Il est de l’intérêt de toutes les parties de rester engagées dans l’accord, mais cela devient de plus en plus difficile », a concédé la Haute Représentante de l’Union européenne Federica Mogherini à l’issue d’une rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays signataires de l’accord (France, Allemagne, Royaume-Uni, Russie, Chine et Iran).

Affaire ukrainienne

L’accord de 2015, jugé « historique » à l’époque, semble ainsi de plus en plus voué à être dépassé. Après l’avoir longtemps défendu bec et ongles, les signataires européens plaident désormais pour un « nouvel accord » plus global, à l’instar des États-Unis.

Paris, Berlin et Londres ont aussi durci le ton à l’égard de Téhéran en lui imputant mardi la « responsabilité » des attaques en Arabie saoudite.

« Certains disent qu’ils se sont alignés sur les États-Unis, je pense qu’ils ont simplement ouvert les yeux », a ironisé Mike Pompeo.

Donald Trump doit maintenant clôturer sa séquence onusienne lors d’une conférence de presse mercredi après-midi. Au-delà du dossier iranien, les projecteurs seront aussi tournés vers lui en raison de l’affaire ukrainienne qui secoue la classe politique américaine.

Les parlementaires démocrates ont initié une procédure de destitution du 45e président des États-Unis car il a, selon la transcription d’une conversation rendue publique mercredi, demandé au président ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur Joe Biden, son potentiel rival dans le scrutin de 2020.

Hasard du calendrier, Donald Trump doit justement rencontrer son homologue ukrainien mercredi à l’ONU.