(Téhéran) Le voyage du président iranien Hassan Rohani à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies « pourrait être annulé », faute de visas délivrés par les États-Unis, écrit mercredi l’agence officielle Irna.

La délégation iranienne qui devait se rendre à New York pour préparer le terrain à la venue de M. Rohani n’a pas encore été en mesure de faire le voyage, ses membres n’ayant pas obtenu de visas, écrit l’agence.

Interrogé mercredi à ce sujet lors d’une conférence de presse, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a espéré que le problème allait être rapidement résolu. « Nous avons été en contact avec le pays hôte », les États-Unis, « et j’espère que cela va résoudre le problème », a-t-il dit.

De son côté, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo est resté ambigu sur ce sujet à son arrivée en Arabie saoudite, frappée samedi par des attaques contre ses installations pétrolières, attribuées par M. Pompeo à Téhéran.

« Nous ne parlons pas de l’octroi ou de l’absence d’un octroi de visas », a-t-il dit à des journalistes. « Si vous avez des liens avec une organisation terroriste étrangère… je ne sais pas », a-t-il ajouté. « Il me semble qu’il y a une bonne raison de s’interroger sur la question de savoir s’il faut leur permettre d’assister à des réunions portant sur la paix », a ajouté Mike Pompeo.

Grand rendez-vous diplomatique mondial, l’Assemblée générale de l’ONU doit s’ouvrir formellement le 24 septembre. L’Iran doit intervenir à la tribune de cette session le mercredi 25 septembre, au lendemain des interventions des présidents américain Donald Trump et français Emmanuel Macron.

Selon Irna, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a prévu de quitter Téhéran pour New York le 20 septembre au matin, trois jours avant M. Rohani.

Mais « si les visas ne sont pas délivrés dans quelques heures, le voyage [des deux hommes] sera probablement annulé », ajoute l’agence.

L’annulation du voyage ruinerait définitivement les efforts entrepris pour la France en vue d’une rencontre entre M. Trump et M. Rohani en marge de l’AG onusienne, même si un tel tête-à-tête apparaît encore hautement hypothétique à ce stade.

En juillet, les États-Unis avaient été critiqués par l’ONU pour avoir accordé à M. Zarif un visa limitant drastiquement ses déplacements à New York, où celui-ci devait assister à une réunion onusienne sur le développement durable.

« Les diplomates américains ne se promènent pas autour de Téhéran, nous ne voyons donc aucune raison à ce que les diplomates iraniens puissent se déplacer librement à New York », avait alors justifié le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo au quotidien Washington Post, accusant son homologue d’utiliser ses séjours aux États-Unis pour « diffuser une propagande malveillante ».

Washington et l’Iran ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 pendant la crise des otages retenus à l’ambassade des États-Unis à Téhéran.  

État hôte du siège des Nations unies, les États-Unis ont en principe l’obligation d’accorder rapidement des visas aux États qui en font la demande pour permettre à leurs responsables d’assister à des réunions à l’ONU.

Dans le cadre de sa politique de « pression maximale » sur la République islamique, Washington a ajouté le 31 juillet le nom de M. Zarif à sa liste noire des personnes faisant l’objet de sanctions financières américaines.  

Le gouvernement américain avait alors indiqué qu’il chercherait aussi à empêcher ses voyages à l’étranger, mais pas de l’empêcher de participer aux activités de l’ONU à New York.