(Washington) L’Iran a abattu jeudi un drone américain qui se trouvait selon lui dans son espace aérien, provoquant une vive réaction du président américain qui a évoqué « une énorme erreur ».

« L’Iran a fait une énorme erreur ! », a lancé, d’un tweet laconique et menaçant, le locataire de la Maison-Blanche dans un climat de tensions croissantes entre Téhéran et Washington.

Le drone américain se trouvait à 34 km des côtes iraniennes lorsqu’il a été abattu par l’Iran, a affirmé jeudi le général américain Joseph Guastella, chef des forces aériennes du commandement central américain.

Le drone Global Hawk « n’a violé l’espace aérien iranien à aucun moment durant sa mission », a précisé le général américain dans une déclaration à la presse par téléconférence depuis la base aérienne Al-Udeid, au Qatar, destinée à démentir les affirmations de l’Iran.

« Les informations iraniennes selon lesquelles l’appareil a été abattu au dessus de l’Iran sont catégoriquement fausses », a-t-il souligné, précisant que le drone se trouvait dans le détroit d’Ormuz et qu’il était tombé dans les eaux internationales.

Le général Guastella a aussi indiqué que le missile qui l’a abattu avait été tiré depuis une position proche de la localité iranienne de Gerouk.

« Cette attaque est une tentative de nous empêcher de surveiller la zone après les récentes menaces à l’encontre du trafic maritime international et du libre commerce », a-t-il ajouté. Elle était « irresponsable et a eu lieu dans des corridors aériens bien établis entre Dubaï, les Émirats arabes unis et Oman, mettant potentiellement des civils en danger ».  

Selon les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, un drone Global Hawk a été abattu à 4 h 05 (23 h 35 GMT mercredi) par un missile au dessus de la mer d’Oman après avoir violé l’espace aérien iranien.  

Il avait décollé mercredi à 19 h 44 GMT d’une base américaine sur « la rive sud du golfe Persique », « éteint tous ses dispositifs de reconnaissance », passé le détroit d’Ormuz et mis le cap vers l’est en direction du port iranien de Chabahar, ont-ils affirmé.

Selon les Gardiens, l’appareil a été abattu au retour de sa mission, dans la zone côtière près de Bandar-é Jask (Sud).

En dépit des affirmations répétées des États-Unis et de l’Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, l’escalade et la multiplication des incidents dans la région du Golfe font craindre qu’une étincelle ne mette le feu aux poudres.

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde jeudi contre un éventuel recours des États-Unis à la force contre l’Iran, estimant que cela serait « une catastrophe » pour la région.

« Ligne rouge »

La violation des frontières iraniennes est la « ligne rouge » à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens. « Notre réaction est, et sera, catégorique et absolue ».

« Nous protestons contre toutes les démarches provocatrices qui portent atteinte à l’intégrité territoriale de notre pays », a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Abbas Moussavi, avertissant que « la responsabilité des conséquences éventuelles de ces actions incombera entièrement aux agresseurs ».

Aucune image de l’appareil détruit n’a été publiée par les médias iraniens.

Selon le commandement central des forces américaines, le drone a été abattu par un missile sol-air iranien au-dessus du détroit d’Ormuz.

Ce détroit est un point de passage stratégique pour l’approvisionnement mondial de pétrole, près duquel deux pétroliers ont été attaqués le 13 juin, environ un mois après des sabotages contre quatre navires, dont trois pétroliers à l’entrée du Golfe.

Après le tweet du président américain jeudi, les cours du pétrole ont bondi. Déjà en hausse, le baril de WTI, référence à New York, a accentué sa progression après la publication du message de Donald Trump. Il évoluait vers 12 h 15 à 57,10 dollars, en hausse de 6,2 %.  

À Londres, le baril de Brent s’envolait de 4,19 % à 64,41 dollars après avoir pris jusqu’à 4,8 %.

Les États-Unis ont imputé ces attaques, qui n’ont pas été revendiquées, à l’Iran. L’un des deux navires attaqués le 13 juin a été touché par une mine-ventouse « semblable à celles utilisées par l’Iran », a assuré l’US Navy.

Téhéran a démenti toute implication et laissé entendre que les attaques du 13 juin pourraient être un coup monté des États-Unis pour justifier le recours à la force contre l’Iran.

« Catastrophe »

Mercredi, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a estimé que « le risque de guerre dans le Golfe » n’était « pas écarté ».

Selon Paris, le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, a effectué mercredi une visite éclair en Iran en vue « de contribuer à une désescalade des tensions ».

Celles-ci ne cessent de monter depuis que le président américain a décidé en mai 2018 de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran.

Les États-Unis viennent de renforcer davantage leur dispositif militaire au Moyen-Orient après l’annonce par l’Iran que ses réserves d’uranium faiblement enrichi passeraient bientôt au-dessus de la limite prévue par l’accord de Vienne.