(Gaza) Des milliers de Palestiniens ont manifesté mercredi dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée lors de la commémoration annuelle de la Nakba, la « catastrophe » qu’a représenté à leur yeux la création d’Israël en 1948.

La journée avait valeur de test pour le fragile cessez-le-feu annoncé il y a une dizaine de jours après le pire accès de violence entre Israël et groupes armés palestiniens de la bande de Gaza depuis la guerre de 2014 dans cette enclave.

Des milliers de Palestiniens se sont réunis en différents points dans cette enclave le long de la barrière frontalière lourdement gardée par l’armée israélienne.

Des heurts ont opposé certains d’entre eux et des soldats israéliens, selon un journaliste de l’AFP. Le ministre de la Santé du territoire sous contrôle du mouvement islamiste Hamas, ennemi juré d’Israël, a rapporté 65 blessés palestiniens, dont 16 par balles.

Mais la mobilisation et les violences sont restées relativement contenues, et les Palestiniens se sont pour une grande part tenus à distance de la frontière.

Cerfs-volants

En 2018, plus de soixante Palestiniens avaient été tués le long de la frontière au cours d’une journée où se télescopaient les commémorations de la Nakba et la protestation contre l’inauguration à Jérusalem de la nouvelle ambassade des États-Unis en Israël.

Un journaliste de l’AFP a vu mercredi un certain nombre de cerfs-volants lancés du côté gazaoui franchir la frontière en direction d’Israël, et un incendie éclater en territoire israélien.

Les Gazaouis se sont servis depuis mars 2018 de cerfs-volants pourvus d’un dispositif incendiaire de fortune pour provoquer des feux en Israël. Le procédé est devenu un motif d’exaspération pour les riverains israéliens de Gaza et pour les autorités.

L’armée israélienne a affirmé qu’environ 10 000 Gazaouis avaient manifesté mercredi, dont certains violemment, le long de la frontière. Des Palestiniens ont incendié des pneus pour occulter leurs agissements, lancé des pierres et des engins explosifs ou ont tenté de s’approcher de la barrière de sécurité de plusieurs mètres de haut, a-t-elle dit.

Les soldats ont riposté avec des moyens anti-émeutes, a-t-elle ajouté, ce qui comprend habituellement des tirs à balles réelles.

Les Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, autre territoire palestinien distant de quelques dizaines de kilomètres et sous occupation israélienne.

A Ramallah, capitale politique de Cisjordanie sous relatif contrôle de l’Autorité palestinienne, des manifestants ont brandi de grandes clés en papier pour demander à revenir sur les terres et dans les maisons qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948.

Trêve

Des centaines de milliers de Palestiniens ont été jetés sur les routes lors de la guerre accompagnant la création d’Israël.

La bande de Gaza, coincée entre Israël, Égypte et Méditerranée, est en proie depuis mars 2018 à des manifestations hebdomadaires et généralement émaillées de violences le long de la frontière, et à une succession de confrontations entre Israël et groupes armés palestiniens.

La plus sérieuse date de début mai. Les groupes palestiniens ont tiré vers Israël des centaines de roquettes, auxquelles l’armée israélienne a riposté en frappant des centaines d’objectifs dans la bande de Gaza. Quatre civils israéliens et 25 Palestiniens, dont au moins neuf combattants, ont été tués avant l’annonce d’un cessez-le-feu au bout de deux jours d’hostilités.

Israël exige le calme pour maintenir la trêve. Les groupes palestiniens réclament un allègement du blocus israélien. Israël a pris depuis certaines mesures d’apaisement.

Bassem Naim, un haut responsable du Hamas, a dit à l’AFP mercredi sur l’un des sites de la protestation que « les dispositions de la trêve avaient joué un rôle dans le fait que les manifestations sont restées maîtrisées ».

Depuis mars 2018, au moins 293 Palestiniens ont été tués à Gaza par des tirs israéliens. La grande majorité sont morts lors des manifestations, mais un certain nombre ont péri dans les frappes israéliennes de représailles aux agissements hostiles en provenance de Gaza.

Six Israéliens ont été tués au cours de la même période.