Les procureurs saoudiens ont porté des accusations contre des militantes pour les droits des femmes qui avaient été arrêtées, affirmant que ceux-ci « jouissent de tous les droits garantis par la loi du royaume » après qu'elles aient été, semble-t-il, torturées en détention.

Les procureurs ont publié la déclaration tard vendredi. Ils y font référence à leur déclaration de juin dans laquelle il était question de l'arrestation des militantes peu avant que l'Arabie saoudite n'accorde aux femmes le droit de conduire.

Les procureurs ont allégué que les personnes arrêtées avaient pour « objectif de saper la sécurité, la stabilité et l'unité nationale du royaume ».

Plusieurs personnes au courant de leur arrestation ont déclaré à l'Associated Press que certaines des femmes détenues avaient été soumises à des coups de bâton, à l'électrocution et à des agressions sexuelles. Tous ont parlé sous promesse d'anonymat par crainte de représailles et pour protéger des informations personnelles de ces détenus.

Le gouvernement saoudien n'a pas répondu aux questions au sujet de ces femmes tôt samedi.

Cependant, le journal londonien Asharq Al-Awsat, appartenant à un groupe de médias saoudien associé de longue date à la famille royale Al Saud, a publié samedi un article citant un procureur adjoint qui nie que les personnes arrêtées aient été torturées.

Le journal cite le procureur adjoint Shalaan bin Rajih al-Shalaan qui aurait déclaré que les détenus sont accusés d'avoir coopéré avec des personnes « hostiles au royaume » et d'avoir recruté « des personnes dans une entité gouvernementale sensible pour obtenir des informations et des documents officiels ». Il n'a pas élaboré sur ces affirmations et n'a pas non plus présenté de preuves à l'appui des accusations.

Les femmes, notamment des militantes dans la vingtaine, des mères, des grands-mères et des professeurs à la retraite, ont été accusées de vagues violations de la sécurité nationale liées à leurs activités dans le domaine des droits de la personne.

L'Arabie saoudite a rompu ses relations diplomatiques avec le Canada à la suite de critiques d'Ottawa au sujet de ces arrestations.

Des groupes de défense des droits de la personne ont dénoncé ces arrestations, intervenues dans la foulée d'une série de mesures de répression menées par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, le fils du roi Salman.

« Le parquet saoudien porte des accusations contre les militantes des droits des femmes au lieu de les libérer sans condition, a déclaré Michael Page, directeur adjoint du Moyen-Orient à Human Rights Watch. Les autorités saoudiennes n'ont rien fait pour enquêter sur les graves allégations de torture et, à présent, ce sont les militantes des droits des femmes, et non les tortionnaires, qui font face à des accusations et à des procès. »

Le royaume doit également faire face à de nombreuses critiques internationales concernant l'assassinat du chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi, au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul en octobre, qui aurait été imputé à des membres de l'entourage du prince.