Les talibans ont annoncé mercredi une prochaine réunion avec des représentants des États-Unis à Islamabad dans le cadre des pourpalers de paix sur l'Afghanistan, mais Washington a affirmé ne pas avoir reçu «d'invitation formelle» de la part du Pakistan.

«À l'invitation du gouvernement du Pakistan», «une réunion est prévue entre les équipes de négociateurs» des talibans et des États-Unis lundi prochain à Islamabad, écrit le porte-parole des insurgés afghans Zabihullah Mujahid dans un communiqué.

Il ajoute que les représentants du groupe rebelle rencontreront «également le premier ministre pakistanais Imran Khan pour discuter en profondeur des relations entre le Pakistan et l'Afghanistan».

Ni Islamabad, ni Washington n'ont confirmé ces rendez-vous dans l'immédiat.

«Nous avons pris note de l'annonce publique des talibans, mais nous n'avons pas reçu d'invitation formelle à des discussions», a réagi une porte-parole du département d'État américain à Washington, sans pour autant exclure l'éventualité d'une telle réunion.

«Les États-Unis soutiennent toutes les initiatives susceptibles de mener à un vrai dialogue interafghan incluant le gouvernement afghan, les talibans et d'autres Afghans, et encourage tous les pays à soutenir ce processus de paix», a-t-elle ajouté.

Selon cette porte-parole, Washington préfère préserver une certaine discrétion : «nous n'allons pas négocier en public, c'est le début d'un long processus que nous entendons continuer à conduire par des canaux diplomatiques confidentiels».

L'annonce de cette possible réunion au Pakistan intervient alors que l'émissaire des États-Unis pour l'Afghanistan Zalmay Khalilzad, qui a entamé des négociations jugées jusqu'ici fructueuses avec les talibans, a entamé une nouvelle tournée.

Après Bruxelles où il a rencontré des représentants de l'Union européenne et de l'OTAN en début de semaine, il devait se rendre en Allemagne, en Turquie, au Pakistan, en Afghanistan ainsi qu'au Qatar, où ont eu lieu les dernières discussions directes avec les talibans en janvier.

Dans leur communiqué, les insurgés ont de nouveau avancé mercredi la date du 25 février pour une nouvelle réunion avec les négociateurs américains à Doha.

Fin janvier, les deux camps s'étaient rencontrés six jours durant au Qatar, où les talibans disposent d'un bureau politique, et avaient fait état de «progrès». Zalmay Khalilzad avait souligné qu'une «ébauche» d'accord sur certains points cruciaux avait été trouvée mais que «beaucoup de travail» restait à accomplir.

«Notre objectif commun est de parvenir à un accord de paix (et non à un accord de retrait) digne des sacrifices consentis pendant des décennies de guerre», a tweeté lundi l'émissaire américain après ses rendez-vous à Bruxelles, ajoutant que «la relance du dialogue interafghan» était «la priorité immédiate».

Les talibans ont annoncé mardi avoir formé une équipe de 14 négociateurs, contre 11 précédemment, en vue des prochains pourparlers de paix.

De son côté, le président afghan Ashraf Ghani a quitté mercredi Kaboul pour assister à Munich à la 55e Conférence sur la Sécurité qui s'ouvre vendredi, a annoncé dans un tweet son porte-parole, Haroon Chakhansuri.

Malgré ses appels au dialogue, le président Ghani a jusqu'ici été tenu à l'écart des pourparlers entre les talibans et les États-Unis, qui se sont rencontrés à plusieurs reprises depuis l'été.

Les talibans ont par ailleurs discuté début février à Moscou avec des membres de l'opposition à son gouvernement, dont l'ex-président Hamid Karzaï dirigeait la délégation.