(Téhéran) L’Iran a dénoncé lundi la propension des États-Unis à se créer « un ennemi imaginaire », en réaction à une récente mise en garde de Washington à la République islamique à propos de l’Irak.

« Quand des hommes politiques veulent se décharger [de leurs fautes], ils créent toujours un ennemi imaginaire. C’est la tradition américaine : créer un ennemi pour rejeter les accusations sur lui », a déclaré le porte-parole du gouvernement iranien Ali Rabii lors d’une conférence de presse à Téhéran.

« Les États-Unis devraient revoir leur politique en Irak » plutôt que d’« intensifier [leur] guerre psychologique contre l’Iran », a ajouté M. Rabii, en réponse à de récents propos du secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

« Nous devons […] rappeler aux dirigeants iraniens que toute attaque venant d’eux, ou de n’importe quel de leurs relais, et causant du tort aux Américains, à nos alliés ou à nos intérêts s’exposera à une réponse américaine ferme », avait déclaré M. Pompeo vendredi.

Le chef de la diplomatie américaine avait lancé cet avertissement après une série d’attaques à la roquette en Irak contre des bases militaires abritant des soldats américains ou contre des représentations diplomatiques des États-Unis, dont leur ambassade à Bagdad.

Aucun de ces tirs n’a été revendiqué, mais Washington a toujours pointé du doigt des milices irakiennes soutenues par l’Iran.

Notant que les États-Unis n’avaient « présenté aucune preuve » à l’appui de leurs « accusations inadmissibles », M. Rabii les a avertis qu’ils s’exposeraient à une « réponse terrible » s’ils « commettent l’erreur de mettre leur menace à exécution ».

La République islamique s’est imposée ces dernières années comme un allié de poids des autorités de Bagdad, après une décennie de domination des États-Unis sur l’Irak dans la foulée de leur invasion du pays en 2003 et du renversement de Saddam Hussein.

Voisin de l’Irak, l’Iran a notamment aidé à former les milices de la coalition Hachd al-Chaabi, engagées dans la lutte contre le groupe État islamique au côté de l’armée irakienne.

Les États-Unis ont récemment imposé des sanctions à trois membres du Hachd al-Chaabi, accusés d’être impliqués dans la « répression brutale » du mouvement de contestation inédit depuis le 1er octobre contre le pouvoir de Bagdad. Les protestataires dénoncent aussi une ingérence de Téhéran dans les affaires irakiennes.

Les tensions entre Washington et Téhéran n’ont cessé de se renforcer depuis que les États-Unis ont décidé en 2018 de se retirer unilatéralement de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015.