(Washington) Les États-Unis ont appelé lundi le gouvernement irakien à « prendre des mesures » pour faire cesser les attaques en Irak contre des intérêts américains, qu’ils attribuent à l’Iran, de plus en plus influent dans le pays notamment via des factions armées.

Le secrétaire américain de la Défense Mark Esper a exprimé son « inquiétude » au téléphone au premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi, qui a dit dans un communiqué redouter une déflagration.

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Le secrétaire américain de la Défense Mark Esper

« M. Abdel Mahdi a appelé tout le monde à ne pas ménager ses efforts pour empêcher une escalade qui menacera toutes les parties », indique le communiqué du bureau du premier ministre.

Il « redoute qu’une réponse américaine à des tirs venus de parties pro-Iran ne dégénère en affrontements sur le sol irakien », a expliqué à l’AFP un haut responsable irakien sous le couvert de l’anonymat.

M. Esper a confirmé à la presse avoir exprimé au dirigeant irakien démissionnaire son « inquiétude au sujet de ce qui apparaît comme des attaques contre des bases en Irak où pourraient se trouver des forces ou des équipements américains ».

Il a précisé avoir dit à M. Abdel Mahdi que les États-Unis ont « le droit de se défendre, et que nous demandions à nos partenaires irakiens de prendre des mesures préventives pour calmer le jeu car tout ceci n’est bon pour personne ».

Depuis le 28 octobre, des salves de roquettes se sont abattues à dix reprises sur des secteurs où sont basés des soldats et des diplomates américains. Ces tirs n’ont jamais été revendiqués, mais les États-Unis accusent les factions pro-Iran en Irak.

M. Esper, qui s’exprimait dans l’avion le ramenant de Belgique, où il avait participé aux cérémonies du 75e anniversaire de la bataille des Ardennes, a reconnu que l’implication de Téhéran était difficile à prouver.

« Je soupçonne l’Iran d’être derrière ces attaques, comme (les Iraniens) sont derrière beaucoup de comportements nuisibles dans toute la région », a-t-il dit. « Mais c’est difficile à établir ».

Tandis que le gouvernement irakien sortant fait face à une révolte inédite et à une rue intransigeante, malgré déjà près de 460 morts dans des violences, M. Abdel Mahdi a semblé mettre en garde son successeur.

« Si le gouvernement ou l’État irakien faiblit, cela renforcera l’escalade et le chaos », est-il indiqué dans le communiqué.

Une source américaine a récemment affirmé à l’AFP que les factions pro-Iran en Irak étaient désormais plus menaçantes pour les soldats américains que le groupe djihadiste État islamique (EI).

Les attaques contre des intérêts américains ont déjà fait des blessés et un mort dans les rangs des militaires irakiens et provoqué des dégâts matériels jusqu’aux abords de l’ambassade américaine, située dans l’ultrasécurisée Zone verte de Bagdad.

Lundi, une source de sécurité irakienne a affirmé à l’AFP que les États-Unis avaient récemment renforcé leur sécurité. « Un convoi de 15 véhicules américains transportant chacun des blindés et des armes est entré dans la Zone verte après autorisation » irakienne.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avait affirmé vendredi « aux dirigeants iraniens que toute attaque venant d’eux, ou de n’importe lequel de leurs relais, et causant du tort aux Américains » ou à ses « alliés » entraînerait « une réponse américaine ferme ».

Lundi, Téhéran a réagi en dénonçant la propension des États-Unis à se créer « un ennemi imaginaire », avertissant qu’ils s’exposeraient à une « réponse terrible » s’ils commettaient « l’erreur de mettre leur menace à exécution ».