(Washington) Le président américain Donald Trump a eu de rares mots positifs samedi envers l’Iran, remerciant Téhéran après un échange de prisonniers organisé en Suisse et se réjouissant que les deux pays ennemis aient pu « accomplir quelque chose ».
Un Américain emprisonné en Iran pendant plus de trois ans, Xiyue Wang, et un Iranien détenu aux États-Unis depuis 2018, Massoud Soleimani, ont été libérés samedi.
« Je pense en fait que cela a été une excellente chose pour l’Iran. Cela a été fantastique de montrer que nous pouvons accomplir quelque chose. C’est peut-être le précurseur de ce qui peut être accompli », a déclaré Donald Trump à la Maison-Blanche.
Un peu plus tôt, il avait tweeté : « Merci à l’Iran pour une négociation très juste. Vous voyez, nous pouvons parvenir à un accord ensemble ».
De son côté, le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif s’est dit « ravi que le professeur Massoud Soleimani et M. Xiyue Wang retrouvent leurs familles bientôt », sur Twitter.
Il a adressé « un grand merci à tous ceux qui sont impliqués, particulièrement au gouvernement suisse », qui représente les intérêts américains à Téhéran en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays depuis 1980.
Xiyue Wang se trouve en Allemagne où il restera pour un « bref séjour » le temps d’effectuer des examens médicaux, même s’il est apparemment en bonne santé, a indiqué un haut responsable de l’administration américaine.
« Il n’y a eu absolument aucun paiement en liquide ou levée de sanctions » en échange de sa libération, a-t-il insisté.
« La Suisse confirme son rôle dans le geste humanitaire qui a eu lieu aujourd’hui sur son territoire et a mené à la libération de MM. Soleimani et Wang », a précisé le ministère suisse des Affaires étrangères.
Des photos publiées par Washington montrent M. Wang accueilli par des diplomates américains sur le tarmac de l’aéroport de Zurich.
« Pression maximale » -
Xiyue Wang, chercheur américain d’origine chinoise, purgeait une peine de dix ans de prison pour espionnage en Iran. Doctorant en histoire à l’université de Princeton aux États-Unis, il menait des recherches sur la dynastie Qajar en Iran, où il avait été emprisonné en août 2016.
Massoud Soleimani, professeur à l’université Tarbiat Moddares de Téhéran et spécialiste des cellules souches, s’était rendu aux États-Unis le 22 octobre 2018 pour des travaux de recherche. Il avait été arrêté à son arrivée à l’aéroport de Chicago, selon l’agence d’État iranienne Irna.
Dans un communiqué, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a remercié le gouvernement suisse et s’est réjoui que Téhéran « ait été constructif dans cette affaire ». « Nous continuons d’appeler à la libération de tous les ressortissants américains injustement détenus en Iran », a-t-il ajouté.
Sous couvert d’anonymat, le haut responsable américain a confié espérer que la libération de M. Wang signale que « les Iraniens sont peut-être prêts à discuter de toutes ces questions », notamment de leurs programmes nucléaire et d’armement, des « otages américains » détenus en Iran et des « activités néfastes » de Téhéran dans la région.
« La campagne de pression maximale que le président Trump a mise en place fonctionne », a-t-il ajouté, rappelant que le milliardaire s’était dit prêt à « rencontrer les Iraniens sans préconditions ».
Accusations d’espionnage
M. Zarif a partagé sur Twitter des photos le montrant en compagnie de M. Soleimani dans un avion et écrit « retour à la maison ».
L’universitaire a été libéré « après un an de détention illégale et remis aux responsables iraniens en Suisse », a indiqué Irna.
« Une rare bonne nouvelle sur le front USA-Iran », a réagi Robert Malley, président de l’organisation International Crisis Group.
Les relations entre Téhéran et Washington traversent une nouvelle crise depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien.
Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, souvent accusés d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.
Le nombre d’Iraniens détenus à l’étranger n’est pas connu.
Privé des retombées économiques qu’il espérait de l’accord sur le nucléaire, l’Iran a commencé en mai 2019 à s’affranchir de certains de ses engagements pris dans le cadre de cet accord.